Depuis Caubère, le seul-en-scène d’autofiction avec ses codes de jeux — par exemple, incarner tous les personnages — a fait bien des émules. Après Lionel Lingelser, Eva Ramy, Frédérique Voruz, Michael Délis ou Benjamin Tholozan, pour ne citer que les petits derniers, Matthias Fortune fait son travail d’introspection avec Au nom du père, du fils et de Jackie Chan.
Son jumeau scénique se prénomme Arthur. Avec sa psy, il cherche à se réconcilier avec son passé afin de surmonter ses colères et aborder sereinement les rapports avec son propre fils. Il faut dire qu’il a eu une enfance assez spéciale dans une communauté appelée « le Ruisseau tranquille », fondée par ses parents pour s’occuper des personnes en situation de handicap. Entre son père bipolaire, sa mère anglaise légèrement décalée, ses compagnons de tous les jours, le gamin a beaucoup de mal à se sentir bien dans sa peau. Jusqu’au jour où il voit son premier film avec Jackie Chan.
L’originalité du spectacle, fort adroitement mis en scène par Anne-Sophie Liban, est d’avoir imbriqué dans son histoire celle du petit « Paopao » qui va devenir la star légendaire du Kung-Fu, Jackie Chan. L’autre bel attrait est le travail sur le corps. Le comédien réalise des cascades chorégraphiées remarquables. Il n’est pas véritablement seul sur scène. Le musicien et créateur de son, Léo Grise, l’accompagne, lui donnant, à sa manière sonore, la réplique. Matthias Fortune, dans un jeu extrêmement bien tenu, réussit à dépasser l’intime pour toucher l’universel.
Marie-Céline Nivière
Au nom du père, du fils et de Jackie Chan, de Matthias Fortune
Festival Off Avignon
L’Artéphile
7 Rue Bourgneuf
84000 Avignon
Du 3 au 21 juillet 2024 à 16h25, relâche mardi
Durée 1h15
Spectacle vu en avant-première le 21 juin 2024 au Théâtre Lepic
Mise en scène d’Anne-Sophie Liban
Avec Matthias Fortune et Léo Grise
Chorégraphies combats de Maurice Chan
Création lumières de Luc Khiari
Musique originale Félix Carcone
