Gary devant soi - Vincent Gaillard - Xavier Lemaire © Tom Gutt
© Tom Gutt
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« Gary devant soi », la vie et mort d’Ajar en cinémascope

Vincent Gaillard raconte comment Romain Gary a réussi la plus grande entourloupe littéraire du XXe siècle en se créant un avatar, Émile Ajar. Passionnant.

Avec Gary devant soi, titre magnifique, Vincent Gaillard a trouvé le ton adéquat pour raconter cette belle imposture mise en place par un grand mystificateur. Dès le début Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew, n’a eu de cesse de s’inventer et de se réinventer. En 1973, un peu en bout de course et dénigré par la critique, l’écrivain âgé de soixante ans décide de créer Émile Ajar, un jeune auteur plein de promesse. Le coup est réussi, il rafle son deuxième Goncourt.

L’affaire Ajar est passionnante. Vincent Gaillard s’est concentré sur les trois protagonistes de cette machination : Gary, évidemment, son ex-femme Jean Seberg, qui était contre l’idée, et son petit cousin Paul Pawlovitch, l’homme de paille. Il explore la mégalomanie de l’un, la folie mélancolique de l’une et l’ambition du dernier et les failles de chacun. En confrontant ces trois egos, l’auteur construit un « thriller littéraire » captivant, mise en scène très finement par Xavier Lemaire.

Cette pièce est une fiction, basée sur des faits réels, donc les personnages sont des « images » voire des « idées ». Il n’était donc pas question de chercher à les imiter mais à les représenter. Le travail réalisé par les comédiens et la comédienne est remarquable ! Après avoir incarné avec brio Alexandre Dumas dans Signé Dumas, Xavier Lemaire s’est glissé, avec toute la démesure et le charisme nécessaire, dans la peau de Romain Gary. La délicieuse et délicate Laurence Porteil interprète avec une belle sensibilité l’actrice Jean Seberg. Barthélémy Heran montre très l’évolution de Paul Pawlovitch qui, finissant par se prendre au jeu, assassinera le « père ». Dans Chien blanc, Gary écrivait, « Il est moins grave de perdre que de se perdre ». En créant Ajar, il a gagné et trouvé le chemin de l’éternité.


Gary devant soi, de Vincent Gaillard
Festival Off Avignon
Théâtre du Balcon
38 rue Guillaume Puy
84000 Avignon
Du 29 juin au 21 juillet 2024 à 15h, relâche jeudi
Durée 1h15

Mise en scène de Xavier Lemaire,
assisté de Delphine Guillaud
Avec Xavier Lemaire, Laurence Porteil, Barthélemy Heran
Décor de Caroline Mexme
Lumière de Stéphanie Daniel
Création sonore de SEL
Costumes de Christine Vilers

Teaser La vie devant soi © Cie Les Larrons
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