Délicieusement mijotée par Clément Marchand, l’histoire de ces Frère(s) se déguste avec délectation. Scénariste pour la télévision et le cinéma, l’écriture, ça le connaît. L’auteur et metteur en scène a eu la bonne idée de partir d’un travail d’équipe, avec ses comédiens et son équipe artistique, pour construire sa pièce. Jouant sur les codes du théâtre-récit, alternant adresses directes au public et scènes jouées, le résultat est étonnant. On finit presque par oublier que c’est une fiction.
Maxime (Guillaume Tagnati) arrive au-devant de la scène. Il en a gros sur la patate et a besoin de se livrer. Aujourd’hui, il est chef étoilé. La cuisine est toute sa vie mais c’est un monde hostile envahi par la testostérone ! On s’y fait rarement des amis. Lui, il en avait un, Émile (Jean-Baptiste Guinchard), rencontré en CAP de cuisine. Entre l’enfant du peuple et le fils d’un grand chef, une belle amitié s’est construite pour finir par tristement s’achever. La vie ne fait pas de cadeau, et en cuisine on ne rigole pas avec certaines règles.
Clément Marchand signe une mise en scène fort réussie. Allant à l’épure, s’appuyant sur des cubes mouvants et des jeux de lumières, il sollicite sans cesse notre imaginaire pour installer les lieux et les époques. Aucun ustensile n’est utilisé sur scène, et pourtant, on voit bien les casseroles, poêles, couteaux… Un geste, une attitude, un mouvement, tout est dans l’évocation. Les prestations scéniques des deux sont, en tout point, admirables. À découvrir de toute urgence !
Marie-Céline Nivière – Envoyée spéciale à Avignon
Frère(s), texte et mise en scène de Clément Marchand
Festival Off Avignon
Théâtre des Corps Saints
76 place des Corps Saints
84000 Avignon
Du 3 au 21 juillet 2024 à 18h05, relâche mardi
Durée 1h15
Avec Jean-Baptiste Guinchard et Guillaume Tagnati
Scénographie de Natacha Markoff
Musique de Patrick Biyik
Lumières de Barrillet Julien
Chorégraphie de Delphine Jungman
