Du charbon dans les veines - Daguerre © Grégoire Matzneff
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« Du charbon dans les veines » : trinquons à la vie, l’amour, la joie !

Le nouveau Daguerre est arrivé et c’est un excellent cru ! Son histoire de corons, où les gueules noires n’avaient pour se réchauffer que la fraternité, est remarquable.

Depuis sa première pièce, Adieu Monsieur Haffmann, Jean-Philippe Daguerre collecte les succès : Le Petit Coiffeur, Le Voyage de Molière, La Famille Ortiz, Le Huitième Ciel. Toutes ces pièces sont créées au Festival Off d’Avignon, un rendez-vous qu’il ne saurait manquer. Sa nouvelle création, Du charbon dans les veines, est bien partie pour emprunter le chemin de la gloire.

Du charbon dans les veines - Daguerre © Grégoire Matzneff
© Grégoire Matzneff

En 1958, à Noeux-les-Mines, tout a la couleur du gris… Pour se distraire, il n’y a pas grand-chose à part le café de Simone où « chaque verre de vin est un diamant rose, posé sur fond de silicose ». Son mari, Sosthène, est un « boute-en-train philosophe de comptoir ». Ses poumons sont fichus mais il garde le moral. Avec les sous de l’assurance maladie, il vient d’acheter un poste de télévision. Parce que cela va faire plaisir à son grand ami Bartek de pouvoir suivre la coupe du monde de football et les exploits de l’enfant du pays, Raymond Kopaszewski, dit Kopa.

Être jeune à Noeux-les-Mines, c’est n’avoir pour horizon que le charbon, et comme distraction que les pigeons voyageurs et l’accordéon. Pierre et Vlad, unis comme des frères, font tout ensemble, mais, quand Sosthène fait entrer Leila, la jeune et jolie Marocaine, dans l’orchestre, leur belle fraternité va prendre un coup de grisou mais ne s’effondrera pas.

Jean-Philippe Daguerre a écrit un texte de toute beauté. Avec une grande sensibilité, il y aborde de nombreux thèmes, comme l’amitié, l’amour, le racisme, la maladie, la mort, la condition féminine… Ses personnages sont très habilement construits. On s’attache très vite à eux, comme s’il appartenait à la famille. S’appuyant sur son équipe artistique habituelle, Antoine Milian aux décors, Virginie H aux costumes et Moïse Hill aux lumières, sa scénographie, aux couleurs bistre et sépia, est admirable.

La distribution est impeccable. La délicieuse Raphaëlle Cambray s’est glissée dans la blouse de Simone avec une véracité touchante. Jean-Jacques Vanier incarne un Sosthène bouleversant. Aladin Reibel est le polonais Bartek, le syndicaliste au cœur brisé qui ne sait pas dire à son fils Vlad toute sa tendresse. Celui-ci est interprété remarquablement par Julien Ratel. Théo Dusoulié l’est également dans le rôle du charmant Pierre. Juliette Behar apporte à Leila de bien belles nuances. Jean-Philippe Daguerre est parfait en médecin altruiste et amateur de jazz. Bravo !


Du Charbon et des veines, texte et mise en scène de Jean-Philippe Daguerre
Festival Off Avignon
Théâtre du Chien qui fume
75 rue des Teinturiers
84000 Avignon

Avec Juliette Behar, Raphaëlle Cambray, Jean-Philippe Daguerre, Théo Dusoulié, Julien Ratel, Aladin Reibel, Jean-Jacques Vanier
Décors d’Antoine Milian

Costumes de Virginie H
Lumières de Moïse Hill
Musiques et assistanat à la mise en scène Hervé Haine

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