Gamin, tous les week-ends, Vincent Collin arpente les musées avec ses grand-parents ou accompagne, son père sur les marchés, sur les brocantes. «L’objet a toujours été au cœur de mon monde. C’est un élément constitutif de mon éducation. Très longtemps, j’ai vécu entouré d’outils, d’ustensiles et de choses chinées çà et là. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si mon frère ainé est devenu antiquaire. Au fil du temps, dans un tel environnement, mon œil s’est formé. J’ai appris à reconnaître les matériaux. »
La céramique, un coup de foudre
Faute de connaître l’existence d’une filière qui mène au métier de designer, Il suit les traces paternelles dans la pub, la communication et l’évènementiel. « Tout comme Frédérique (Caillet), je me suis dit que ce n’était vraiment pas fait pour moi. J’avais besoin de travailler avec mes mains. Un temps, j’ai fait pas mal de mosaïques pour gagner ma vie. Puis un été, j’ai rencontré, Olivier Gagnère. Le feeling est passé. Il cherchait quelqu’un pour les finitions de ses meubles. » Durant trois ans, tous les après-midis,
Vincent assiste le designer, tout particulièrement sur la partie exécution. « Je me sentais à mon endroit. Son approche de l’objet et de la matière par le dessin correspondait parfaitement à mes aspirations. C’est assez viscéral, presque sensoriel. »
À ses heures perdues, Vincent noircit des pages entières de dessin d’objets. Si la plupart reste à l’état de projet, la rencontre avec Frédérique Caillet va tout changer. Entre eux, c’est l’alchimie parfaite. Lui imagine, elle cherche le moyen de concrétiser ses rêves. Édition limitée leur permet de passer du papier à la réalité. «Très tôt, j’ai été attiré par la céramique. Je pratiquais un peu avec Olivier ; notamment
en faisant les finitions sur les objets qu’il inventait. C’est comme cela que j’ai commencé à concevoir mes propres vases, mes propres créations. »
Virebent le rêve d’une vie
Après l’acquisition de Virebent, qui est l’histoire d’une vie pour nos deux entrepreneurs, Vincent Collin, fasciné par l’artisanat, la manière dont en partant de rien – de la terre – on donne naissance à un objet, observe le travail des ouvrières, écoute leur histoire et apprend à leur côté leur savoir-faire. «C’est important pour moi de comprendre car le design, ce n’est pas qu’artistique, c’est aussi pratique. Quelqu’un qui veut une lampe, il faut avant tout que l’objet qu’on lui propose éclaire. Il faut trouver
les solutions pour alier les deux composantes, faire en sorte que le tout soit harmonieux. C’est cet endroit de recherche qui m’intéresse et qui nourrit mes propres créations. Et puis, il y a surtout cette idée, qu’il faut travailler à deux. Le designer et l’exécuteur, en l’occurrence à Virebent, plutôt la fabricante. C’est elle qui a la compétence technique, c’est important de l’écouter pour arriver au résultat voulu. C’est un vrai travail à deux. »
Dans ce souci de garder trace, Vincent photographie, les gestes, les mains, les manières de faire. Une partie de ces matériaux de mémoire, fait d’ailleurs l’objet d’une exposition, Regard ouvrier, afin de plonger au cœur de Virebent et d’en découvrir certains secrets.
Par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
LA CÉRAMIQUE, UN CHOIX ASSUMÉ
« Il y a une chose qui est très particulière à la céramique, qui est commune à peu de matières, c'est l'idée que la matière se forme quand elle prend forme. Avant elle n'existe pas. C'est juste de la terre. Rien de plus banal. Imaginer un très beau pot ne suffit pas, il faut le faire cuire pour qu'il devienne réalité. Je trouve cela assez magique, car contrairement au verre, au bronze que l'on peut contraindre pour leur donner une forme, la terre on ne peut pas. Tant que les portes du four ne sont pas ouvertes on ne peut savoir ce que cela va donner. C'est toujours la surprise. L'idée, la conception, ne peuvent en rien présager du résultat. Il y a quelque chose de mystique dans la céramique qui me fascine. Bien sûr, il y a un savoir-faire, mais il reste toujours une part de mystère. C'est ce qui rend l'aventure Virebent passionnante. »
Virebent 100 ans
Rue de l’usine
46700 Puy-l’Évêque
du 14 juin au 23 septembre 2024