La 18e édition de June Events s’ouvre sur de bons auspices et fait carton plein. Devant ce lieu fondé en 1999 par la chorégraphe américaine Carolyn Carlson, les festivaliers sont au rendez-vous. Comme chaque année, la programmation d’Anne Sauvage, directrice depuis près de vingt ans, allie habilement exigence, découverte et richesse des formes et des esthétiques. Pour ce cru 2024, c’est tout naturellement la toute dernière création de Pierre Pontvianne, artiste associé de l’Atelier de Paris-CDCN, qui lance les festivités. S’en suivent des pièces aussi singulières et éclectiques que Vagabundus d’Idio Chichava, Heliosfera de Vania Vaneau, Tropique du képone de Myriam Soulange et de Marlène Myrtil ou Tendre Carcasse d’Arthur Perole.
Après avoir créé à Montpellier danse l’an passé œ, pièce pour sept danseurs et danseuses, Pierre Pontvianne recentre son propos cérébral, conceptuel autant qu’organique, autour d’un seul interprète, l’extraordinaire Jazz Barbé. Présent dans plusieurs de ses œuvres, l’artiste, formé en danse contemporaine au Conservatoire national supérieur de Musique et de Danse de Lyon, a l’art de contorsionner son corps, de se mouvoir par terre avec une aisance infinie. Tout se passe au sol, ou presque. C’est là toute la particularité de ce solo. Vêtu de noir, un bonnet bleu électrique sur la tête cachant ses yeux, le danseur fait face au public, immobile. À peine un hochement de tête ou une flexion de jambes rappellent sa nature humaine.
Tout semble à l’arrêt. Seuls les crépitements qui s’intensifient au lointain donnent un peu de vie à l’ensemble. Des vrombissements se font entendre. Attraction terrestre : le corps choit. C’est dans le contact avec le plateau qu’enfin les bras, les jambes, les muscles s’animent. Se laissant traverser par les sons et les musiques imaginés par Pierre Pontvianne, Jazz Barbé habite l’espace ciselé par les lumières tantôt tamisées, tantôt crues de Victor Mandin. Accentuant son goût du minimalisme et de l’épure, l’écriture du chorégraphe se déploie à contre-courant du foisonnement de mouvements très présents aujourd’hui sur les plateaux. Sa grammaire, rampante, traînante, roulante, est magnifiée par la présence unique de son danseur. Elle agit comme une seconde peau. Malgré un tempo lent, un temps souvent suspendu, la magie de Jimmy opère imperceptiblement !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Jimmy de Pierre Pontvianne
June Events
L’atelier de Paris – CDCN
La Cartoucherie
2 Route du Champ de Manœuvre
75012 Paris
22 et 23 mai 2024
durée 45 min
Chorégraphie de Pierre Pontvianne
avec Jazz Barbé
Assistante – Laura Frigato
Conception sonore, costume de Pierre Pontvianne
Lumière – Victor Mandin
Décor – Pierre Treille
