En quelques mots, qu’est-ce que le festival ZOOM ?
Caroline Marcilhac : C’est un moment de l’année qui rassemble sur quelques jours des lectures, performances, mises en espace et spectacles de textes en langue française écrits par une nouvelle génération d’auteurs et d’autrices, présentés généralement pour la première fois. Ces textes sont parfois pris en charge par des metteurs et metteuses en scène chevronnés, qui mettent en lumière, de la façon la plus aboutie possible, des textes nouvellement achevés. Le fait de regrouper ces propositions sur un temps resserré permet à des artistes de se rencontrer et de mettre en partage leurs pratiques, et au public d’apprécier la diversité des écritures d’aujourd’hui et de le rendre éclairé, actif dans sa réception au-delà de ses préférences et affinités bien légitimes. C’est aussi un temps qui se veut festif et rassembleur.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’initier ce projet ?
Caroline Marcilhac : D’abord, rendre compte de la diversité des écritures pour la scène aujourd’hui — dans le fond, ce que démontre l’étendue des propos abordés par les auteurs et autrices, comme dans la forme, en donnant à entendre et à voir la singularité des textes, des partis pris scéniques. Ensuite, permettre à ces artistes en début de parcours d’entendre pour la première fois l’intégralité de leur texte. Au-delà de ses qualités littéraires, un texte de théâtre a en effet besoin d’un plateau et de spectateurs et de spectatrices pour exister pleinement C’est indispensable car, pour tester une dramaturgie, elle doit être incarnée devant un public dans l’espace et le temps de la représentation. Enfin, la dimension festivalière apporte une communication plus visible pour un événement qui constitue à chaque fois un « manifeste » de la spécificité de Théâtre Ouvert en tant que maison dédiée aux auteurs et autrices des nouvelles générations.
C’est la neuvième édition, comment le festival a-t-il évolué depuis sa création en 2015 ?
Caroline Marcilhac : Depuis le début, l’idée de présenter deux festivals dans l’année — « Focus » en automne, « Zoom » au printemps — part du principe que la visibilité des nouvelles écritures promues par Théâtre Ouvert gagne à se mettre en écho, en relation, tant pour les artistes que pour un public amateur de découvertes. À l’origine, j’imaginais que le festival Zoom aborderait un aspect particulier de la création contemporaine, par exemple une thématique, une carte blanche à un auteur ou une autrice, un metteur ou une metteuse en scène, etc. Mais je me suis rendue compte que ce n’était pas très intéressant, et pas vraiment opérant d’un point de vue conceptuel. Aussi avons-nous décidé assez vite d’estomper les différences entre les deux festivals, tout en gardant des moments bien distincts dans la saison pour coller véritablement aux démarches des artistes et à l’état d’avancement de leurs textes. Aujourd’hui, après l’installation de Théâtre Ouvert dans un lieu plus grand et plus fonctionnel et grâce à l’investissement de l’équipe technique notamment, nous avons également pu augmenter le nombre de projets présentés et leur niveau d’aboutissement scénique.
Comment pensez-vous la programmation ?
Caroline Marcilhac : La programmation se construit à partir des textes que nous souhaitons mettre en lumière à un moment précis : celui où la version du texte est la plus aboutie et va permettre à l’auteur ou l’autrice de franchir une étape dans son parcours. La programmation se fait progressivement et son achèvement intervient le plus tard possible pour s’accorder aux temporalités des artistes. C’est également le fruit d’une concertation dans l’équipe permanente, à partir de la lecture des manuscrits que nous recevons et dont nous débattons ensemble lors de réunions mensuelles.
Nous ne programmons pas de « maquettes » ou d’extraits, puisque l’idée est avant tout que les artistes de plateau, au service des auteurs et des autrices, se concentrent sur la dramaturgie et le jeu d’acteur. Certains textes sont programmés sous la forme de lectures très travaillées, d’autres sont plus avancés au plan scénique et présentés en mise en espace ou spectacle. Il nous tient à cœur de multiplier les esthétiques présentées et de soutenir les premiers pas de nouvelles créations finalisées, comme c’est le cas par exemple de Timlideur de Grégoire Vauquois cette année. Notre réflexion procède enfin de critères qui résonnent avec le regard que les artistes, et nous-mêmes, portons sur les enjeux de l’époque, avec, en plus de la singularité des esthétiques poétiques et formelles, une attention portée par exemple à la diversité des récits proposés et des personnes représentées. Cela permet de rassembler des publics d’horizons très différents, ce qui est un enjeu majeur pour Théâtre Ouvert.
Quels en seront les temps forts ?
Caroline Marcilhac : Le temps fort, c’est le festival lui-même ! Bien sûr, chaque année apporte son lot de surprises et d’engouements des spectateurs pour certaines propositions, cela crée des « buzz », des sortes d’événements dans l’événement en quelque sorte. C’est bien souvent rétrospectivement que l’on s’aperçoit de cela, notamment quand les textes ainsi exposés continuent leur trajectoire bien au-delà des murs de Théâtre Ouvert.
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
ZOOM #9
Théâtre ouvert
159 Avenue Gambetta
75020 Paris
jusqu’au 25 mai 2024