Après le grand succès de sa première édition, le festival Confit ! remet le couvert en proposant une deuxième fournée riche en émotion. L’ouverture a eu lieu ce 22 mai, avec la remise de la médaille du mérite à à Chloé Tournier, la souriante et dynamique directrice de La Garance, des mains de la directrice régionale des affaires culturelles en PACA, devant le maire de Cavaillon. Tel un rayon de soleil, la jeune femme a illuminé avec sa programmation sans faute la ville et son territoire.
La tomates à la fête
Lorsque l’on arrive dans ce théâtre du Sud, on est toujours surpris par la qualité de l’accueil. Tout est fait pour que les spectateurs se sentent à la maison. D’ailleurs, ceux-ci sont invités à se laver les mains avant le premier spectacle. Normal, puisqu’il va passer à table avec les Chaussons aux tomates, la belle performance culinaire de Hiba Najem.
L’arrière de la scène a été transformée en une sorte de grande cuisine imaginaire. Les convives s’installent autour d’une tablée impressionnante. Dessus, on peut voir posées des tomates de toutes sortes et de toutes formes, des torchons, des verrines contenant des tomates coupées en dés et, en son centre, deux grands saladiers en verre. Chacun prend place, saluant son voisin ou sa voisine. L’artiste libanaise arrive avec la bienveillance d’une hôtesse de maison. Elle raconte que dans son pays, lorsqu’une histoire d’amour prend fin, les femmes se réunissent entre elles, pour confectionner des fatayer bi banadoura (petits chaussons à la tomate).
Tout en évoquant son village de Beit Chabeb et ses habitantes, l’artiste explique comment préparer ce mets. Elle allie ainsi un beau mélange entre de poignantes histoires de femmes et l’apprentissage d’une recette culinaire. L’ambiance autour de la table devient très vite conviviale. Chacun s’essaye à bien suivre les conseils pour ne pas rater son chausson, lequel sera cuit pendant la représentation et dégusté à la fin. Un délice.
L’ivresse des mots pour réparer les maux
On file prendre un repas au food-truck, un bon verre au bar et s’installer dans le patio du théâtre où vient de se terminer l’atelier de cuisine crue de Monique Deyeart-Buitink qui a été traduit en langage des signes français par l’URAPEDA PACA. Le spectacle suivant le sera aussi, à l’aide d’une traductrice exceptionnelle qui s’est fondue dans la mise en scène.
Pour Vertébré de la Cie 13/31, qui propose une expérience « entre verbe et vin », c’est l’autre partie du plateau qui a été transformé. À un bout de la salle, le zinc et une estrade. À l’autre, un grand comptoir, autour duquel on peut s’installer, entre les deux espaces, des tables et des chaises. Un jeune homme timide (épatant Sacha Roy) nous fait prendre place. Le patron à l’aspect débonnaire mais à la patience limitée (le violoncelliste Sylvain Bernet), garde à œil, ce novice maladroit.
Sosthène est un pilier de comptoir. Ce clochard céleste kerouaquien (surprenant Jonathan Genet), va déverser sur nous sa vision d’un monde devenu irrespirable. Boire seul n’ayant aucun sens, il convie les clients à déguster trois sortent de vin naturel. L’écriture poétique d’Alexandre Tran est subtillement mise en valeur par Lisa Guez.
Le vin et la terre au féminin
En route pour un endroit magique que certains festivalier d’Avignon connaissent : l’île de la Barthelasse. Mais ce n’est pas au camping que l’on a rendez-vous mais à la Ferme de La Reboule ! Un lieu magique tenu par la famille Cappeau. Ce cadre exceptionnel est un écrin de rêve pour Vivantes de la Cie des Brumes. Une perfomance qui célèbre le vin, la terre et celles qui la cultivent avec amour et passion.
On démarre par un apéro avec vins naturel et de petites gourmandises locales. Distribution de casque audio faite, les spectateurs suivent les comédiennes et le preneur de son dans une déambulation entre les parcelles de ce domaine familial spécialisé dans la vente directe de fruits et légumes. L’expérience auditive est formidable. Les sons des voix amplifiés dans nos oreilles permettent de mieux entendre ce que l’on voit ! Dans un champ, on goûte le vin du lundi. Un beuvrage pensé et créé par la vigneronne Marie Carroget. Cette femme hors norme est au centre de ce spectacle formidable. Le public prend place dans les gradins installés face à la façade du corps de ferme. Mêlant projections, musique, chant et récits, les épatantes artistes nous entraînent dans une belle interrogation sur le sens de la vie et de la condition féminine. C’est magnifique !
La poésie du territoire
À la différence de juillet dernier au Festival In d’Avignon (voir reportage ici), le rendez-vous avec Que ma joie demeure, le remarquable spectacle de Clara Hédouin n’a pas lieu à l’aube. En ce début de matinée, ils sont nombreux à Mérindol à prendre le départ pour cette randonnée-spectacle du parc naturel du Luberon. La montée dure les cinq premiers tableaux et la descente avec les cinq autres.
Entre les deux, un entracte d’une heure destinée à la restauration. Puisqu’à La Garance on aime bien faire les choses, des paniers repas attendent les spectateurs-marcheurs. Le chef nomade Emmanuel Perrodin a élaboré ce pique-nique géant réalisé par les élèves en section cuisine et service du lycée des Métiers d’Alexandre Dumas. Au menu : brousses au goût de garrigue, courgette et menthe, suivi d’un aïoli et d’une tarte sucrée aux blettes et pour terminer une liqueur conçue aux arômes du livre de Giono. Un régal ! On rentre à Paris à la fois confit et conquis.
Marie-Céline Nivière – Envoyée spéciale à Cavaillon
Festival Confit !
La Garance Scène Nationale de Cavaillon
Rue du Languedoc
84306 Cavaillon
Du 22 au 26 mai 2024.
Chaussons aux tomates Conception, mise en scène et performance Hiba Najem.
Scénographe et cheffe de plateau Riwa Baroud.
Rédactrice Lynn Najm, supervision à la traduction Ounsi Daif.
Durée 55 mn.
Vertébré d’Alexandre Tran.
Mise en scène de Lisa Guez.
Avec Jonathan Genet, Sacha Roy et Sylvain Bernert.
Scénographie de Paul Charlot.
Costumes de Caroline Tavernier.
Durée 1h25.
Tournée :
Du 10 au 21 juillet (sf le 16) au Théâtre des Carmes – Festival Off Avignon
Vivantes de la Cie des Brumes
Spectacle orchestré par Louise Hochet et Mathilde Monjanel, plasticienne textile Louise Hochet, comédienne et réalisatrice sonore Mathilde Monjanel, musiciennes Céline Challet et Annie Langlois, performeuse Super 8 et 16mm Carole Thibaud, comédienne Fanny Sintès.
Scénographe Oriane Poncet.
Régisseuses son Solène le Thiec et Lucie Bortot.
Créatrice lumière Chloélie Louis.
Regard extérieur Floriane Facchini.
Journaliste Élodie Louchez.
Tournée :
Du 10 au 13 juillet au Festival Châlon dans la rue (Châlon-sur-Saône).
Que ma joie demeure de Jean Giono.
Mise en scène de Clara Hédouin.
Adaptation de Romain de Becdelièvre et Clara Hédouin.
Avec Jade Fortineau (en alternance avec Clara Hédouin), Pierre Giafferi, Hatice Özer, Clara Mayer, Hector Manuel, Mickaël Pinelli.
Costumes d’Anna Rinzo et Nelly Geyres.
Régie générale d’André Néri, régie son Franck Gélie.
Tournée :
1er et 2 juin à la scène nationale Grand Narbonne.
22 et 23 juin au Carreau, Scène nationale de Forbach / Nest CDN Transfrontalier de Thionville Grand Est, recréation au Lycée Agricole de Courcelles-Chaussy.
6 et 7 juillet à La Ferme du Buisson, dans le cadre du Festival Par Has’ART
Recréation dans l’agglomération Paris-Vallée de la Marne.