Abd al Malik, Blanca Li et David Grimal © Fabien Coste
© Fabien Coste

« Notre Sacre », le rêve d’humanité de Blanca Li, David Grimal et Abd al Malik

À la Philharmonie de Paris, les trois artistes conjuguent leur art et ravivent le ballet de Stravinsky dans une version certes engagée mais qui manque de corps pour totalement convaincre. 

Construit comme une mosaïque artistique, où la musique interprétée par l’orchestre Les Dissonances dirigé par David Grimal sert de lien entre les mots d’Abd al Malik et la danse de Blanca LiNotre Sacre célèbre la vie en ces temps troublés. À sa création, il y a cent onze ans, la chorégraphie imaginée par Vaslav Nijinski sur la musique d’Igor Stravinsky fait scandale. Les danses provocantes, inspirées de rites agraires de la Russie païenne et la rythmique infernale, sont en rupture totale avec le passé et les ballets classiques. Après huit représentations, il disparaît du répertoire. Depuis, l’œuvre, devenue mythique, ne cesse d’être réinventée par nombre de chorégraphes, de Pina Bausch à Maurice Béjart, en passant par Angelin Preljocaj.

En s’emparant de cette partition intemporelle et puissante, le trio d’artistes cherche à en souligner l’esprit visionnaire, à la faire entrer en résonnance avec l’actualité. Alors que le monde s’embrase, que plus personne ne s’écoute, Blanca LiDavid Grimal et Abd al Malik souhaitent, par cette revisite, repenser le vivre ensemble, tenter de réconcilier les contraires et apaiser les tensions. La furieuse sarabande de Stravinsky entraîne les corps des danseurs de la cie Blanca Li et du CFA Pietragalla-Derouault dans une transe épuisante et salutaire. La chorégraphe espagnole l’a bien compris. Mais contrainte par l’espace — une bande de scène d’à peine quelques mètres qui ne permet aucune amplitude, aucun lâcher prise, la danse semble comme étouffée. 

Magnifiquement interprétée par Les Dissonances, qui tirent cette année leur révérence après vingt saisons d’existence pour voler vers d’autres horizons, la musique de Stravinsky emporte un public chauffé à blanc. Le solo de violon d’après une sonate de Béla Bartók qui ouvre ce bal de bons sentiments, et les poèmes d’Abd al Malik que soulignent les créations sonores de Bilal, entre autres, ont fait effet, et c’est debout que la salle salue la prestation. Pourtant, l’euphorie ne prend pas totalement. Même si le talent est là, la magie n’opère pas tout à fait. Il ne manque presque rien. Juste un petit supplément d’âme. Dommage !


Notre Sacre d’Abd al Malik, David Grimal et Blanca Li
La Philharmonie de Paris, en partenariat avec La Villette
221 avenue Jean Jaurès
75019 Paris

jusqu’au 13 avril 2024
Durée 1h10

Igor Stravinski Le Sacre Du Printemps 
Mise en récit, rap, slam, chant – Abd al Malik 
Mise en scène, chorégraphie – Blanca Li
Violon,direction musicale – David Grimal Les Dissonances
Création sonore, machines – Bilal 
Lumières – Pascal Laajili 
Création images- CARCO 
Costumes de Laurent Mercier

Ce projet a bénéficié du soutien de Paris 2024 dans le cadre de l’Olympiade Culturelle.

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