Lorsque les professeurs découvraient les patronymes de Lia Ionel et Wanda Efremov-Bobescu, ils blêmissaient à l’idée d’avoir à les prononcer. Les potes s’étonnaient, leurs demandant d’où elles venaient. La réponse était simple de France. Elles y sont nées, leurs mères sont françaises mais pas leur paternel. Ces derniers, tous deux artistes, ont fui la Roumanie. Non, elles ne sont pas Rom. Et non, elles ne parlent pas la langue. Pourquoi ? Parce que Nos pères ne rêvent plus en roumain.
Leur spectacle a pris sa source dans ces points qu’elles ont en commun. En cherchant à comprendre pourquoi leurs pères ne leur ont jamais parlé en roumain ni évoqué leur histoire, la blonde (Lia) et la brune (Wanda) vont partir à la recherche de leurs racines. Ensemble, elles vont explorer cette terre inconnue, la Roumanie. Surgissent alors les Ceaușescu, Dracula (épatant et étonnant Joan Brunet-Manquat) et toutes les raisons qui ont poussé leurs pères à fuir et à ne pas donner, à part les prénoms, ses origines en héritage. En partant de l’intime, ces deux jeunes filles douées ont atteint l’universel. Faire table rase de son passé, de sa culture, de sa langue, c’est souvent couper sa descendance du terreau nécessaire pour se construire.
Il y a une belle créativité dans ce premier spectacle foisonnant d’idées. Les deux comédiennes ont du talent à revendre. Si tout n’est pas parfait, il est évident que le fil du temps va faire son ouvrage et que tout cela va bien grandir. Leur complicité artistique et amicale donne à l’ouvrage une dynamique formidable. Au-delà de la résilience, des non-dits rattrapés, ces gamines offrent à leurs pères une magistrale déclaration d’amour. C’est beau.
Marie-Céline Nivière
Nos pères ne rêvent plus en roumain, texte et mise en scène de Lia Ionel et Wanda Efremov-Bobescu.
La Flèche Théâtre
77 rue de Charonne
75011 Paris
Création du 5 avril au 7 juin 2024
Reprise du 11 octobre au 1er novembre 2024
Durée 1h.
Avec Lia Ionel, Wanda Efremov-Bobescu et Joan Brunet-Manquat.
Collaboration artistique de Mathias Marques Pereira.
Ajustements musicaux et sonores de Benoît De Galembert.