Quoi de plus convivial et de plus festif pour mettre l’ambiance que La Chenille de La bande à Basile ? Peut-être La danse des canards. Mais là n’est pas la question. L’objectif des membres du Collectif La Cabale est de créer du lien entre les spectateurs, de briser le quatrième mur et faire de leur spectacle une grande fête où préjugés, a priori et snobismes mal placés sont priés de rester à la porte de la salle. L’idée, s’emparer de la beaufitude pour la rendre hype, a quelque chose de très jouissif, voire de transgressif. Dès les premières minutes, c’est clairement le foutoir, le royaume de l’absurde. Mais entre autodérision et trivialité potache, le fil est tenu. En équilibre permanent sur une crête difficile à tenir, faute de dramaturgie et d’une écriture ciselée, la machine à rire fait la culbute et se prend les pieds dans le tapis.
Tout commence par une mise en abime appuyé, un jeu de miroirs grossissants, où lors d’une réunion préparatoire de la performance à venir chacun s’exprime. Les pours et les contres s’affrontent. Ça tourne évidement au pugilat, au grotesque. Les premiers rires fusent. L’atmosphère monte d’un cran. C’est la surchauffe. Face à un public ferré qui en redemande, le collectif ne sait malheureusement pas freiner ses ardeurs. En faisant des caisses, en ne se refusant rien et surtout pas le ridicule, ils entraînent les spectateurs dans un tourbillon fou qui part dans tous le sens. Passant, entre autres, par une revisite de L’École des fans, une parodie Du Masque et la plume, un pastiche de ballet contemporain – séquence hilarante – et un extrait réécrit – dommage – de Juste la fin du monde de Lagarce, l’ensemble finit par surcharges à faire flop.
Clairement, les festivaliers « kiffent la vibe » et entrent le sourire jusqu’aux oreilles dans la ronde. Bien que laissant voir toutes les coutures et les défauts de l’écriture de plateau, Kermesse fait le plein. Mais pour séduire et embarquer vraiment sans surfer sur des poncifs, des gags faciles et dépasser le stade du divertissement, il manque une ossature, un vrai fil rouge. Un détail certes mais qui a du sens pour faire spectacle !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – envoyé spécial à Rennes
Kermesse du Collectif La Cabale
Festival Off Avignon
La Manufacture – La patinoire
2 rue des écoles
84000 Avignon
Du 4 au 21 juillet 2024 à 20h20, relâche les 10 et 17 juillet.
Durée 2h20 (trajet en navette compris).
Le 9 avril 2024 au Théâtre de la Paillette au Festival Mythos
Mise en scène de Marine Barbarit & Charles Mathorez
Avec Marine Barbarit, Lola Blanchard, Alix Corre, Margaux Francioli, Akrem Hamdi, Aymeric Haumont, Charles Mathorez, Thomas Rio, Rony Wolff
Création lumière de François Leneveu, Pacôme Boisselier
Chorégraphie de Mathilde Krempp
Régie son deNils Glachant-Morin