© Marion Bornaz

Viviane, une merveille, la fable médiévale de Myriam Boudenia

Pour sa nouvelle création aux Célestins -Théâtre de Lyon, l'artiste à la tête de la Cie La Volière aborde par la fable la santé mentale des jeunes.

Dans la tête de Viviane, un univers entier prend vie. Il faut dire que depuis quelques temps, c’est aussi le seul endroit où l’adolescente de seize ans parvient à se réfugier. Ici, bien que les rencontres qu’elle fait ou les voix qu’elle entend lui sont familières, elle a tous les pouvoirs. Restée longtemps loin de son lycée et de sa vie d’ado, elle y a développé un monde parallèle qui lui permettra, un jour peut-être, de renouer avec la réalité. Car Viviane est comme beaucoup de personnes de son âge : perdue, déconnectée, mal dans sa peau. Passée par un hôpital psychiatrique qui devait l’aider à reprendre son chemin, elle est bien décidée à s’alimenter de ce passé proche pour s’emparer de sa propre vie.

Avec Viviane, une merveille, Myriam Boudenia choisit une thématique rare bien qu’essentielle : la question de la santé mentale chez les jeunes. Souvent moqué ou pointé du doigt par des adultes qui dénoncent sans chercher à comprendre, ce sujet est pourtant d’une actualité brûlante, notamment depuis les confinements successifs en période de crise sanitaire. Et s’il apparaît ambitieux, au premier abord, de porter au plateau une telle pièce tant la problématique est vaste, l’autrice et metteuse en scène trouve une réponse pertinente dans l’approche fantasmagorique qu’elle propose.

© Marion Bornaz

S’appuyant sur un texte qui se place intelligemment loin de la didactique, Myriam Boudenia construit son récit comme elle conçoit sa mise en scène, donnant lieu à une rencontre entre le réel et l’imaginaire. À la croisée du théâtre, de la musique et du théâtre d’objets, elle crée une forme plurielle au sein de laquelle le plateau devient le lieu de tous les possibles, comme une projection mentale tout droit sortie de l’esprit de Viviane. C’est alors toute une fable qui se développe. Viviane devient la Dame du Lac des légendes arthuriennes, fée investie d’un grand pouvoir et sous les traits de laquelle elle s’apprête à affronter tous les obstacles pour atteindre son Graal : retourner enfin au lycée. Dans ses allers-retours entre ce qu’elle imagine et ce qu’elle vit, la jeune femme s’engage sur le chemin de l’indépendance, de la confiance et de l’identité.

Derrière son apparente fragilité, cette approche originale d’une thématique des temps présents par le biais de la fable médiévale trouve sa force dans la sensibilité avec laquelle elle est portée. Le personnage de Viviane est particulièrement nuancé sous le jeu de Pauline Drach, qui voyage aisément dans tous les états traversés par l’adolescente sans en faire démonstration. Autour d’elle, Eloïse Decazes, Julien Vadet et Myriam Boudenia alimentent un univers qui ne demande qu’à s’affirmer davantage, mais dans lequel se développe déjà une écriture délicate. Sans prétendre parler au nom des ados, Viviane, une merveille devient une allégorie qui se lit aisément, au gré des images, des sons et des silences qui la composent, entre théâtre d’artisanat et conte initiatique.


Viviane, une merveille de Myriam Boudenia
Célestins – Théâtre de Lyon
Du 5 au 16 mars
Durée 1h20

Mise en scène de Myriam Boudenia assistée de Morgane Khider et Clémence Balthazard
Avec Myriam Boudenia, Éloïse Decazes, Pauline Drach, Julien Vadet
Musique d’Éloïse Decazes, Julien Vadet
Scénographie et illustrations de Quentin Lugnier
Lumière de Myriam Bertin
Costumes de  Gabriella Lopez avec la participation de Crapul
Régie générale et son – Chloé Barbe 

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