Alléché par l’affiche de ce Duplex, qui réunit Anny Duperey, Corinne Touzet, Francis Perrin et Pascal Légitimus, des vedettes dont on a plus besoin de faire l’article tant ils sont des habitués du petit écran, le public a répondu présent dès la première. Du coup, tous les soirs, la salle du Théâtre de Paris, du parterre au poulailler, est pleine à craquer. Et les applaudissements chaleureux, à la fin du spectacle, prouvent qu’il n’a pas été déçu.
Aux ressorts de la comédie, à savoir les rebondissements, les coïncidences, les retournements, destinés à mettre ses personnages en difficulté, Didier Caron a ajouté une belle étude comportementale. D’un côté, on a les excès qui vont avec une bonne pièce de boulevard et de l’autre, le savoureux ton des comédies de mœurs. Ce savant mélange que l’on avait tant aimé dans Un vrai Bonheur, sa pièce aux cinq Molières en 2003, opère à nouveau et sans Fausse note, dans son nouveau spectacle.
La guerre est déclarée mais qui en sortira vainqueur ?
Les Tissandier vivent depuis des années dans leur petit nid d’amour au 5e étage. Au-dessus d’eux, habitent les Bergers. La cinquantaine tassée et épanouie, ils seraient heureux de mettre la main sur l’appartement du dessous, pour faire un Duplex. Pour se faire, ils mettent au point quelques belles fourberies pour que leurs charmants voisins divorcent et quittent les lieux. Mais n’oublions pas que bien mal acquis ne profite jamais et que charité bien ordonnée commence par soi-même.
Comme il l’avait déjà mis en place dans Un conseil d’ami, Caron a divisé la scène en deux espaces, plaçant côte à côte les appartements. C’est par la vue des fenêtres et les déplacements des personnages qu’il marque le fait qu’ils sont l’un au-dessus de l’autre. Le décorateur Jean Haas s’est montré très inspiré. Chez les Tissandier on est dans le classique et n’ayant pas peur des mots le vieillot et chez les Bergers, dans le moderne épuré et donc sans âme.
Une belle musique pour un quatuor hors pair
On retrouve le même traitement d’opposition dans les deux couples. Les Tissandier ont une longue histoire derrière eux et leur amour est solide. Anny Duperey et Francis Perrin sont extraordinaires en retraités qui savent profiter du temps qui passent. Ils adorent la lecture, la danse country et le vélo. Caron leur ayant concocté un numéro de duettiste aux petits oignons, ces deux grands artistes, à la carrière exceptionnelle, se déchaînent et nous régalent.
Corinne Touzet et Pascal Légitimus sont les « petits jeunes » du dessus. Eux aussi, ils s’aiment mais on comprend vite que ce n’est pas si évident que cela. Il y a de l’usure dans l’air entre « Chou » et « Choue ». C’est ce qui les rend attachant. Le célèbre Inconnu est impayable en bobo machiavélique Il a tout du garnement qui enchaîne les bêtises et qui va se prendre un coup de règle sur les doigts. La délicieuse Corinne Touzet incarne, avec de belles nuances, la naïveté et la candeur de son personnage. Jouant sur leurs contrastes, le duo fonctionne très bien.
Ces quatre artistes, apportant toutes la diversité de leur talent, forment un ensemble épatant. Leur plaisir de se donner la réplique, de faire vivre le texte et les situations, donne à ce spectacle une dynamique comique teintée par de belles touches émotionnelles. Ce qui fait tout le charme de ce spectacle qui divertit sans encombre. Cela fait du bien.
Marie-Céline Nivière
Le Duplex, texte et mise en scène de Didier Caron
Théâtre de Paris
15 rue Blanche
75009 Paris
Créée en février 2024
Reprise du 12 septembre 2024 au 5 janvier 2025
Durée 1h30
Avec Anny Duperey, Pascal Légitimus, Francis Perrin, Corinne Touzet
Décors de Jean Haas, assisté de Bastien Forestier
Lumières de Madjid Hakimi
Musique d’Hervé Devolder
Chorégraphie de Catherine Arondel
Assistante à la mise en scène Mathilde Penin
merci beaucoup ma chère Marie-Céline. des grosses bises et avec tous mes remerciements.