The Fisher King - Axel Drhey © Fabienne Rappeneau
© Fabienne Rappeneau

Sous le charme de The Fisher King

En adaptant pour le théâtre le film de Terry Gilliam, Axel Drhey nous fait redécouvrir toute la beauté de cette œuvre et propose une belle aventure théâtrale.

À l’origine de The Fisher King, il y a le film de Terry Gilliam sorti au cinéma en 1991. Dans l’adaptation théâtrale qu’en signe Axel Drhey au Splendid, le scénario de Richard LaGravenese trouve de nouvelles résonances : les attentats du 11 septembre et du 13 novembre sont passés par là et insufflent une grande puissance à cette histoire de résilience.

The Fisher King - Axel Drhey © Fabienne Rappeneau
© Fabienne Rappeneau

Jack Lucas est un animateur de radio célèbre. Il harangue ses auditeurs et adore faire le buzz. Un soir, un fidèle de l’émission l’appelle. L’homme est un déséquilibré et, moqué par Jack, il va se rendre dans un restaurant et tuer sept personnes avant de se suicider. Pour l’homme de radio, la vie bascule : il perd son travail et les certitudes qui faisaient sa raison de vivre. Cette première partie installe ce qui va suivre. Il faut bien comprendre quel personnage détestable est Jack, cet être orgueilleux, égocentrique, cynique et arrogant. Si elle comporte quelques longueurs, ce sera le seul petit défaut de ce spectacle qui file ensuite sans anicroche jusqu’à son final.

On retrouve Jack trois ans plus tard. Ayant sombré dans l’alcool, il végète auprès d’Anne, patiente et amoureuse qui subit tous ces excès de désespoir. Un soir, errant comme l’ombre de lui-même, il se fait agresser. Un clochard le sauve. C’est Parry… Ce doux rêveur, à la recherche du Graal, prend Jack pour le preux chevalier Perceval, celui qui lui permettra de trouver son salut. Quand il découvre les raisons qui ont causé les troubles psychiques de celui qui se fait appeler le Roi des poissons, se sentant responsable, Jack le prend sous sa coupe et tenter de lui rendre la raison de vivre. Sans le savoir, en le sauvant, il se délivrera lui-même.

À partir de là, Axel Drhey nous embarque dans son univers. On est captivé par le récit, mais encore plus par la manière dont le metteur en scène le déroule. Son adaptation est fidèle à l’esprit du film. On est dans l’esprit feel good des histoires qui se terminent bien et qui procurent bien des plaisirs émotionnels. Forgé auprès de Carlo Bosso, co-fondateur de la compagnie Les Moutons Noirs (Ruy Blas, Titanic), cet artiste est un merveilleux confectionneur d’images scéniques. Le plateau est une boîte noire qui devient le lieu de tous les possibles par la grâce d’astuces scénographiques et d’effets spéciaux, se servant des arts de la marionnette et du théâtre d’objet. Visuellement, c’est aussi efficace que beau.

The Fisher King - Axel Drhey © Fabienne Rappeneau
© Fabienne Rappeneau

L’épatant Stéphane Brel, dans l’énergie de ces êtres dopés aux excitants, dessine bien dans la première partie tous les défauts de ce jeune loup qui se croit supérieur et indestructible. Le comédien joue sans fausse note la difficile partition des mutations d’un être fragilisé. Axel Drhey est saisissant en Parry, cet homme qui a vu sa vie et sa raison se fracasser lors de la tuerie du restaurant. On a nous aussi envie de le dorloter, de le protéger et de croire en ses délires.

Julie Cavanna est impressionnante dans le personnage d’Anne, cette fille aux pieds bien ancrés sur terre et au cœur d’or. Dans l’étourdie et gaffeuse Lydia, celle qui redonne à Parry le goût de vivre, Charlotte Bigeard est délicieuse. Christophe Charrier (l’homme-orchestre) et Alexandre Texier incarnent les gens qui passent et s’agitent autour d’eux. On sort de ce spectacle le sourire aux lèvres et l’esprit léger.


The Fisher King, d’après le film écrit par Richard Lagravenese et réalisé par Terry Gilliam
Théâtre du Splendid
48 boulevard Saint-Martin
75010 Paris
Jusqu’au 23 juin 2024
Durée 1h30

Adaptation et mise en scène d’Axel Drhey
Avec Stéphane Brel, Charlotte Bigeard, Julie Cavanna, Christopher Charrier, Axel Dhrey, Alexandre Texier
Assistante mise en scène et chorégraphie d’Iris Mirnezami
Scénographie d’Agnès de Palmaert
Création musicale et sonore de Jo Zeugma
Lumière de Thomas Rouxel
Vidéo de Edouard Granero
Costumes de Clothilde Fortin

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