Régis Truchy © DR
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Régis Truchy, un excentrique corps-orchestre

Considéré comme une figure marquante du hip-hop, l’artiste multidisciplinaire présente à la Nouvelle Ève, son premier seul-en-scène, Eccentric. Hybridant mime, danse et comédie avec une dextérité endiablée, il offre un show à corps perdu. 

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Mon premier souvenir, c’est ma grand-mère qui m’a emmené voir Chantal Goya au Palais des Congrès. Je devais avoir six ans. Depuis ce jour, je suis resté un éternel enfant, même si j’ai bien évidemment grandi !

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Même si j’étais déjà un danseur professionnel, celui qui m’a donné encore plus envie de faire ce métier, c’était Michel Courtemanche. Un très bon comédien corporel humoristique. Il était très connu dans les années 90. Un vrai cartoon sur scène.

Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien, danseur, chorégraphe et metteur en scène ?
Alors je n’ai pas choisi d’être un Eccentric dancer, c’est devenu une évidence. (Eccentric dancer: c’est-à-dire à la fois Comédien et Danseur). Mon élément déclencheur a été Marcel Marceau. Il utilisait à la fois ses états émotionnels et son corps au service d’un jeu et rendait l’irréel réel sur scène ! J’ai eu la chance de le voir en spectacle en 1998, au Palais des Congrès. Il n’y avait pas beaucoup d’effets, juste son corps et lui, c’était magique. Il était arrivé à un tel niveau avec son art que j’ai rarement vu ça. Cela me prouvait bien qu’il fallait beaucoup travailler et y croire, sans jamais rien lâcher. Tout au long de ma carrière professionnelle, j’ai rencontré beaucoup d’artistes qui n’étaient pas toujours bien mis en valeur. C’est pour cela que je suis devenu aussi metteur en scène. Je prends autant de plaisir à être sur scène qu’à mettre en avant le talent des artistes. Mettre la sincérité humaine en avant, ce n’est pas toujours une tâche facile. Mais ça vaut le coup de se battre pour ça. 

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Mon premier spectacle était Coppelia. Un ballet de danse classique. J’avais une dizaine d’années. J’en garde de très bons souvenirs, mais surtout une rigueur que je conserve tout au long de ma carrière. Mais aussi une grande conviction sur ce que je voulais faire : ce n’était pas toujours évident pour un enfant de cet âge-là, un garçon qui plus est, de pratiquer de la danse. Il fallait être tenace et ne pas s’arrêter aux préjugés. 

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Un de mes plus grands coups de cœur artistique. C’était lorsque j’étais au Cirque du Soleil, et que j’ai rencontré mon maître en clown Leonid leykin. C’est là aussi où j’ai entendu la première fois cette phrase : « ce n’est pas dur de rien faire, mais c’est dur de faire le rien. » Grâce à lui, c’est les premières fois où j’ai réussi à mettre des mots sur des ressentis artistiques.

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Tout au long de ma carrière, j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup d’artistes. Entre autres deux grands Danseurs : Bruno «Pop N Taco» Falcon: Coach personnel de Michael Jackson, et Willi Ninja, une des plus grande légende du Voguing.
Bruno «Pop N Taco» Falcon était l’un des précurseurs de la Street dance ou encore danse hip-hop. Il m’avait fait voir une vidéo sur une des personnes qui l’avait beaucoup influencé : Robert Shields, un pantomime qui dans les années 70 performait dans les rues de San Francisco. Ce même homme avait rencontré aussi Marcel Marceau à cette époque-là. C’est là que j’ai compris d’où venait la source de mon inspiration.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
L’art est une forme d’expression puissante qui peut nous aider à nous connecter aux autres, à comprendre le monde qui nous entoure et à trouver un sens à notre vie.
Entre autres, il me permet aussi de gérer mes émotions de manière saine et constructive…. Pour moi c’est plus qu’un métier c’est un art de vivre.

Qu’est-ce qui vous inspire ?
Tout, mais surtout le caractère des êtres humains qui me permet de comprendre le fonctionnement de chacun d’entre nous. Les êtres humains sont capables de grandes choses, tant pour le bien que pour le mal. Ils sont capables de compassion et d’amour, mais aussi de haine et de violence. Ils sont capables de créativité et d’innovation, mais aussi de destruction.
C’est cette complexité qui rend les êtres humains si fascinants. Ils sont capables du meilleur et du pire, et c’est ce qui les rend si intéressants et capables d’un changement réel.

De quel ordre est votre rapport à la scène ?
il est émotionnel et physique.
Ce qui me permet de pratiquer mes lignes et mes mouvements, d’explorer l’espace scénique et d’utiliser mon corps pour exprimer mes émotions. Et de me connecter à mon public et à donner vie à une création artistique.

À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ?
il est présent dans tout mon être. Il me permet surmonter les obstacles et d’atteindre mes objectifs. C’est une source de joie et de satisfaction, et il me donne un sentiment de réalisation.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Avec des artistes venant de courants et disciplines très différents. Qu’ils soient danseurs, peintres, musiciens, chanteurs, acteurs… peu importe du moment que la magie opère !

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Il y a un projet qui me tient à cœur, c’est de mettre en scène et de chorégraphier des danseurs de l’Opéra de Paris. Alors ce n’est peut-être pas fou mais en tout cas cela m’a toujours attiré.
Tourner également dans des films pour mettre en application la comédie corporelle, des mouvements de danse au service d’un scénario et d’une histoire.

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Ce serait une œuvre en constante évolution. Elle serait un mélange de différents genres et styles, reflétant ma curiosité. Elle serait parfois drôle, triste, romantique… mais toujours sincère.


Eccenctric de Régis Truchy
Mise en scène de Gil Galliot
La Nouvelle Eve
25 rue Fontaine
75009 Paris
Les 7 et 14 février 2023

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