Qui se cache derrière ce visage doux, ce regard bleu azur de Jeune dame ? Pourquoi le peintre l’a-t-il retouché sept ans après l’avoir peint ? Et surtout comment ce tableau volé en 1997 au Musée d’art moderne Ricci-Oddi de Plaisance, en Italie, réapparait-il 22 ans plus tard comme par enchantement dans les jardins de l’institution ? De cette trame rocambolesque, Camille de Peretti s’empare avec délectation et tisse des récits de vie de la Vienne insouciante des années 1900 au Manhattan trépidant d’aujourd’hui.
Entremêlant grande et petite histoire, traversant les continents, l’autrice, à qui l’on doit notamment La Casati ou Blonde à forte poitrine, déploie sur plus cent vingt ans sa belle imagination et esquisse d’ingénieux destins croisés. En effet, quels liens unissent une jeune bonne séduite par un fils de bonne famille, un cireur de chaussures dont le stand est situé non loin de Wall Street, un riche magnat de l’industrie américaine, un peintre chantre de l’art nouveau et une jeune avocate texane en devenir ? Pour le découvrir, il suffit de plonger tête la première dans L’Inconnue au portrait et se laisser porter par l’écriture vive et ronde de Camille de Peretti.
On peut regretter quelques facilités et des raccourcis historiques, mais la romancière à l’art indéniable du rebondissement, une manière unique d’attraper l’attention des lecteurs. À la manière de son ainée Tracy Chevalier, dont le deuxième roman, La Jeune fille à la perle, est un monument du genre, elle joue sur les faux semblants, mène tambour battant l’enquête et signe une fiction familiale des plus crédibles.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
L’Inconnue du portrait de Camille de Peretti
Éditions Calmann-Lévy
350 p.
Prix conseillé 21,50 €