Le rideau s’ouvre sur une réplique parfaite du plus fameux tableau de Léonard de Vinci, sauf qu’ici, la toile est en 3D et emprunte les traits de Karina Marimon, connue pour incarner la cousine ingénue de Napoléon dans la série humoristique La petite histoire de France sur W9. C’est bien Monna Lisa qui se tient devant les spectateurs, mais avec deux « n », elle y tient, car amputé d’un, cela ne dit pas la même chose ! Elle n’en peut plus de sourire… Après cinq cents ans de silence, La Joconde parle enfin et ce n’est pas triste. Car avec toutes les bêtises qu’elle a entendues à son sujet, elle en a, des choses à dire.
Sous la plume de Laurent Ruquier, dont on retrouve les saveurs de ses débuts comme chansonnier, Lisa Gherardini, dans un autoportrait aussi instructif que divertissant, raconte comment elle est devenue la personnalité la plus visitée du monde. Sous le ton de la conversation avec ses admirateurs, la Madonna du Louvre nous apprend plein de choses, sur elle, femme du XVIe siècle, sur son peintre chéri, sur l’histoire de l’art et du monde.
Dans une mise en scène de toute beauté — il fallait au moins ça pour la plus belle femme de l’univers — Rodolphe Sand la fait littéralement sortir du cadre. Pour incarner ce modèle au charme inusable, il fallait une comédienne de la race des monstres sacrés. Avec sa voix particulière, qu’elle module avec bonheur dans des ruptures de ton délicieux, Karina Marimon est de cette trempe. De J’aime beaucoup ce que vous faites à Big Mother, ses prestations nous ravissent à chaque fois. Sincère et fantaisiste à la fois, elle incarne une exceptionnelle Lisa. Et en plus, elle chante divinement. La chanson finale, à la ritournelle entêtante, signée Barbara, est de toute beauté. Ce spectacle d’une belle facture nous met le sourire aux lèvres. Bravo !
Marie-Céline Nivière
La Joconde parle enfin de Laurent Ruquier
Théâtre de l’Œuvre
55 rue de Clichy
75009 Paris
Jusqu’au 31 mars 2024
Durée 1h10
Mise en scène de Rodolphe Sand
Avec Karina Marimon
Scénographie de Lucie Joliot
Lumières de Denis Schlepp
Costumes de Fleur Demery
Musique de Romain Trouillet