Ode Maritime de Fernando Pessoa, mise en scène de Léna Paugam © Benjamin Porée
© Benjamin Porée

Ode Maritime, Léna Paugam tout en rage et fureur

Salle Marguerite Duras, à Lorient, la metteuse en scène et comédienne s’empare, jusqu’à une folie toute contrôlée, du vertigineux poème de Pessoa.

Semblant glisser sur le sol, Léna Paugam, vêtue à la manière d’un marin du dimanche, caban d’un côté, mocassin de l’autre, joue sur tous les registres, s’amuse des codes, gonfle la voile d’un navire imaginaire et vogue sur le flow du poète. Tout comme le personnage qu’elle incarne, un double de Fernando Pessoa lui-même, elle rêve de partir en mer, de connaître les tempêtes, le roulis, de souffrir mille morts, subir autant de châtiments pour enfin être de ces corsaires, maîtres des océans craints jadis.

La voix grave, un brin éraillée, la comédienne s’immerge totalement dans les mots du poète lisboète et lui donne chair avec fougue et exaltation. Il ne peut en être autrement. Le texte de Pessoa se vit au temps présent. Il faut accepter d’être submergé par l’émotion que suscitent les récits de cet homme condamné à rester à quai alors que seul le grand large l’attire. Traversée par la musique hypnotique jouée en direct avec le guitariste Yann Barreaud et le batteur Martin WangerméeLéna Paugam semble comme transcendée par ce poème fleuve. Pourtant, on sent chez elle une maîtrise, un contrôle, qui l’empêche de totalement se livrer aux vents furieux, aux flots déchaînés. La folie de la pleine mer agit en elle comme le sac et le ressac d’une vague. Tout comme le narrateur, c’est une tellurique. Toute la force de sa proposition tient dans ce contraste entre terre et mer. 

Portée par la scénographie d’Anouk Mogein, propice à tous les imaginaires, la comédienne et metteuse en scène s’attache à incarner le verbe autant par sa verve que par les tableaux qui défilent où elle apparaît telle une sirène, qui fend l’écume, ou un petit mousse qui hisse ou affale la voile au gré du vent. L’objet est beau, même si parfois la saturation du son et un trop-plein de lyrisme en bombe la frénésie, le grondement.


Ode Maritime de Fernando Pessoa
création en octobre 2022 aux Passerelles – Scène de Paris-Vallée de la Marne
Présenté au Théâtre de Lorient du 22 au 27 janvierr 2024
Durée 1h15

Tournée
1er février 2924 au Carré magique – Lannion (22)

Avec Yann Barreaud (guitare), Lena Paugam (voix), Martin Wangermée (batterie)
Traduction de Dominique Touati et Michel Chandeigne
Composition musicale d’Yann Barreaud et Martin Wangermée
Regard extérieur – Benjamin Porée
Accompagnement chorégraphique – Fernanda Barth
Scénographie d’Anouk Maugein
Création sonore de Félix Mirabel
Création lumières de Louisa Mercier
Régie Générale – Damien Farelly

Teaser d’Ode maritime de Pessoa, mise en scène de Léna Paugam © théâtre de Lorient

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