Escale de Leïla Slimani et Simon Delétang © Jean-Louis Fernandez
© Jean-Louis Fernandez

Leïla Slimani, les mots à la bouche 

Dans le cadre des nouveaux rendez-vous imaginés par Simon Deletang, directeur du Théâtre de Lorient, la romancière d’origine marocaine se fait diseuse de ses propres écrits. Une expérience autobiographique ! 

Artiste compagnonne du théâtre, Leïla Slimani réalise un rêve de jeune femme, faire du théâtre, fouler les planches et être au-devant de la scène. Elle a bien tenté, un temps, le métier d’actrice, comme elle le raconte dans cet impromptu imaginé par Simon Delétang. Mais cantonnée à un type de rôle trop typé, elle a jeté l’éponge. Avec beaucoup d’autodérision, elle se glisse dans sa propre peau, revisite ses souvenirs et invite à partager un temps son rapport à l’écriture, son goût de la solitude, l’importance qu’ont eu son éducation et ses parents, sur la femme et l’autrice qu’elle est devenue.

Vêtue de noir, soulignant sa silhouette longiligne, chaussures rouges pour donner un peu de peps à sa présence scénique, texte adapté de son roman, Le parfum des fleurs la nuit, à la main, Leïla Slimani sort de l’ombre pour convier toutes les femmes de l’assistance à un meurtre, celui de la petite fille parfaite qui sommeille en chacune d’elle. L’objectif est clair, en finir avec les clichés, les carcans sociétaux qui imposent à chacune d’elle un modèle jamais atteignable. Fini les sacrifices, vive la liberté d’être enfin un individu à part entière sans charge mentale, sans obligation de réussite. L’autrice de Chanson douce, prix Goncourt 2016, n’est pas sectaire, elle propose assez vite aux hommes de se joindre à ce crime nécessaire et salvateur. 

Suivant les grandes lignes de mise en scène de Simon Delétang, somme tout très simples mais dont on reconnait sans contexte la patte – grande toile de maitre ancien en arrière-plan – , elle, la femme de l’ombre, l’écrivaine, devient un être de chair, qui met à nu autant ses fragilités que ses forces. La voix claire, elle livre ses pensées, son histoire, ses doutes. Jamais consensuelle, elle donne corps à ses propres mots avec ce qu’il faut de pudeur pour ne pas tomber dans le sentimentaliste. 

Avec cette escale en terre littéraire, le directeur du Théâtre de Lorient fait mouche. La salle est comble, le public ravi et l’autrice des rêves plein la tête. Le début peut-être d’une nouvelle aventure ! 


Escale avec Leïla Slimani et Simon Delétang
Salle Marie Dorval
théâtre de Lorient 

Le parfum des fleurs la nuit de Leïla Slimani
paru aux Éditions Stock
Mise en scène de Simon delétang

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