Dans l’œuvre de Victor Hugo, Les travailleurs de la mer possède par son lyrisme une place à part. Écrit durant son exil à Guernesey, ce roman fleuve, qui prend racine dans les éléments, comme l’eau et la terre, est une splendide ode à la mer. Tout comme pour L’homme qui rit, notre poète national utilise un style proche du conte. L’adaptation théâtrale d’Elya Birman et Clémentine Niewdanski va en ce sens. Un homme nous raconte et fait vivre l’odyssée de Gilliat. Cet homme laid qui, dans l’espoir d’accéder enfin à l’amour s’en ira braver l’océan et se sacrifiera. « Qu’est-ce qu’un reste d’existence sans but ? Boire, manger, et puis ? »
La mise en scène précise de Clémentine Niewdanski s’appuie sur une scénographie très soignée. Les jeux de lumières nous plongent dans les clairs-obscurs d’une estampe. Il en faut peu pour nous faire voyager. La Durande, le bateau à vapeur, comme la barque sont suggérés par des escabeaux, planches, tonneaux et seaux. Les grands espaces, les tempêtes, les jardins en fleur… apparaissent à notre imaginaire à l’écoute des descriptions de Victor Hugo, magnifiées par l’interprétation impressionnante d’Elya Birman. Le comédien, qui fut un si étonnant Monet dans Un soir chez Renoir, possède la puissance de jeu nécessaire à l’exercice du récit romanesque. Il nous embarque.
Marie-Céline Nivière
Les travailleurs de la mer de Victor Hugo
Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris.
Du 24 janvier au 17 mars.
Durée 1h15.
Adaptation d’Elya Birman et Clémentine Niewdanski.
Mise en scène de Clémentine Niewdanski.
Avec Elya Birman et les voix de Clémentine Niewdanski et Anthony Roullier.
Création sonore Thibaut Champagne.
Lumières de Florent Penide.
Décor Estelle Gautier.
