Au Théâtre de la Renaissance d’Oullins, Jean Lacornerie, dont les adaptations de The Pajama Game et de L’opéra de Quat’sous ont connues un beaux succès, sort des tiroirs de Broadway, Woman of The Year. Cette comédie musicale, créée en 1981 par Lauren Bacall et jamais jouée en France, est une adaptation théâtrale du scénario de Ring Lardner Jr. et Michael Kanin pour le film réalisé en 1942 par George Stevens, qui voyait s’affronter, s’aimer et se confronter à l’écran Katharine Hepburn et Spencer Tracy. Auréolé d’un tel casting de stars hollywoodiennes, le spectacle ne pouvait naître que sous de bonnes étoiles.
Judicieusement, le metteur en scène strasbourgeois a fait le choix de confier le rôle-titre à la flamboyante Ludmilla Dabo. Comme toujours elle irradie la scène, envoûte de sa voix suave, allie charme et humour avec une virtuosité sans pareil. Face à elle, l’épatant Jacques Verzier n’est pas en reste. En mari cartooniste qui a dû mal à être dans l’ombre, il est parfait. Le reste de la troupe est du même bois. Dalia Constantin et Quentin Gibelin, jouant la plupart des seconds rôles, sont impayables.
Les musiciens – tous épatants – , faisant partie intégrante du plateau, nous emportent avec entrain au cœur de cette histoire de couple somme toute banale. Elle est puissante et célèbre. Son métier, c’est sa vie. Lui est connu, mais passe souvent en second. Si la passion est dévorante, le quotidien use les concessions jusqu’à la corde. La séparation est inévitable. Comme le dirait Blaise Pascal, « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ». C’est dans le renoncement que leur histoire a une chance de perdurer. La femme doit-elle se sacrifier pour l’homme ? La pente est glissante. Mais un deus machina de dernière minute sauve in extremis une fin un brin sexiste. Ouf !
Bien que la question se pose de savoir pourquoi remonter une telle œuvre ancrée dans son jus américain tellement eighties mâtiné de fifties, sur la forme, il n’y a rien à dire. La partition musicale, ré-arrangée par Gérard Lecointe, est enlevée, la distribution excellente, la mise est en scène ingénieuse de Jean Larcornerie, réalisée en collaboration étroite avec Raphaël Cottin, jouant notamment sur des projections de dessins type BD, parfaitement huilée. Ça swingue, ça danse, ça s’amuse au plateau. C’est parfait pour se divertir !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Lyon
Woman of the year de Peter Stone, Fred Ebb & John Kander
Théâtre de la Renaissance
7 rue Orsel
69600 Oullins
Jusqu’au 2 décembre 2023
Tournée
13 et 14 décembre 2023 au Château Rouge Annemasse
20 et 21 décembre 2023 au Grand R Scène Nationale de La Roche/Yon
10 et 11 janvier 2024 à la Maison de la Culture de Bourges
16 janvier 2024 à La Coursive Scène Nationale de La Rochelle
30 janvier 2024 au Rive Gauche St Etienne du Rouvray
3 février 2024 à l’ACB Scène Nationale de Bar le Duc
7 et 8 février 2024 à L’Azimut Antony Châtenay Malabry
19 et 20 mars 2024 au Théâtre de Saint Nazaire Scène Nationale
Livret de Peter Stone
Chansons de Fred Ebb
Musique de John Kander
basé sur le film MGM de Ring Lardner et Michael Kanin
Direction musicale, arrangements de Gérard Lecointe
Chef de chant, assistanat direction musicale de Sébastien Jaudon
Mise en scènede Jean Lacornerie
Chorégraphie, co-mise en scène de Raphaël Cottin
Avec Ludmilla Dabo, Jacques Verzier, Dalia Constantin, Quentin Gibelin, – chant, Sébastien Jaudon – piano, Arthur Verdet – piano électrique, Jérémy Daillet – percussions, Luce Perret – trompette, bugle
Images d’Étienne Guiol avec la participation de Jacques Verzier
Scénographie de Bruno De Lavenère
Lumières de Romain De Lagarde
Costumes de Marion Benages assistée de Clémence Roger
Maquillage de Corinne Tasso
Régie générale d’Emmanuel Sauldubois
Régie son d’Emmanuel Sauldubois, Baptiste Poulain
Régie lumières de Marion Secci, Pierre-Emmanuel Faure
Stagiaire régie lumières de Suzanne Carré
Régie plateau de Maxime Vavasseur, Bertrand Cotte
