Il y a dans les grandes pièces élisabéthaines qui se montent aujourd’hui une tendance évidente à vouloir renouer avec le théâtre tel qu’il se jouait à l’époque de Shakespeare. C’est en tout cas le parti-pris de Guillaume Séverac-Schmitz qui, après avoir engagé son immersion dans l’œuvre du dramaturge anglais avec Richard II en 2015, poursuit dans les grandes tragédies de ce répertoire avec Richard III. Souhaitant proposer un théâtre qu’il dit populaire et radical, le metteur en scène s’empare de cette figure emblématique et la porte au plateau avec une énergie certes puissante et généreuse, mais sous laquelle s’efface une partie de l’équilibre des registres inhérent au texte.
Il ne fait aucun doute que la traduction de Clément Camar-Mercier et les différentes adaptations contemporaines et autres références pop culture qui jonchent la pièce jouent un rôle nécessaire dans sa perception en 2023. Cependant, l’approche dramaturgique qui en est faite, toute volonté de reconstitution théâtrale historique mise à part, se perd derrière les cris, les rires gras et les innombrables interactions scène-salle qui prennent le pas sur la narration elle-même. Dès lors, à chacun sa sensibilité : une aubaine pour le public venu se divertir ouvertement en assistant à une tragédie tournée en farce, une rencontre manquée pour quiconque voudrait passer outre les effets à grand spectacle pour y trouver un propos sous la surface.
Au premier plan, pourtant, la scénographie d’Emmanuel Clolus et les lumières de Philippe Berthomé font leur part du travail. Il faut dire que l’armada de projecteurs déployée est un atout dans la recherche esthétique et vient sublimer les décors et accessoires étonnamment utilisés avec parcimonie, comme – enfin – une quête de l’essentiel. Et si cet aspect ne suffit pas à rééquilibrer l’ensemble des plus de trois heures de spectacle qui nous sont proposées, certaines belles images ainsi conçues parviennent malgré tout à marquer les esprits.
Peter Avondo – Envoyé spécial à Sète
Richard III de Shakespeare mis en scène par Guillaume Séverac-Schmitz
Théâtre Molière Sète – Scène nationale Archipel de Thau
Le 6 décembre 2023
Durée 3h30 (avec entracte)
Le 11 janvier 2024 au Théâtre d’Angoulême
Le 24 janvier 2024 à La Passerelle – Saint-Brieuc
Le 1er février 2024 à L’Opéra-Théâtre de Massy avec L’Azimut – Châtenay-Malabry
Le 3 février 2024 au Figuier blanc – Argenteuil
Conception, mise en scène : Guillaume Séverac-Schmitz
Traduction, adaptation : Clément Camar-Mercier
Scénographie : Emmanuel Clolus
Lumière : Philippe Berthomé
Son : Géraldine Belin
Conseil artistique : Hortense Girard
Costumes : Emmanuelle Thomas
Régisseur lumière : Léo Grosperrin
Régisseur plateau et percussions : Sébastien Mignard
Production : Dantès Pigeard – [Eudaimonia]
Diffusion : Olivier Talpaert – En votre Compagnie
Avec : Louis Atlan, Martin Campestre, Sébastien Mignard, Guillaume Motte, Aurore Paris, Thibault Perrenoud, Nicolas Pirson, Julie Recoing, Anne-Laure Tondu, Gonzague Van Bervesselès
