La tempête Ciaràn n’a pas tout balayé sur son passage. Salle Marguerite Duras, Simon Delétang, directeur du Théâtre de Lorient, prépare sa toute nouvelle création, une adaptation itinérante de Retours de Fredrik Brattberg. Tout comme il l’avait fait à son arrivée au Théâtre du Peuple, avec Lenz de Georg Büchner, l’artiste originaire du Limousin aime aller à la rencontre du territoire et de nouveaux publics. Cette fois, ce n’est pas lui qui parcourt la lande, mais trois comédiens qui ne demandent qu’à surprendre les spectateurs, à les emmener vers des terres inconnues, celles de l’absurde, celle d’une dérision un brin cynique autant que grinçante.
Il participait alors au comité de lecture du TNS, quand il découvre Retours, ce texte absolument génial et décalé de Fredrik Brattberg. Séduit par la plume drôle, décalée de l’auteur norvégien, il en fait régulièrement des lectures à Bussang. Le texte est court, concis. Il plait aux spectateurs. Il est idéal pour le projet d’itinérance qu’il souhaite mettre en place à Lorient. Avec presque rien, juste quelques chaises, une table, et un pan de mur lui rappelant les Vosges, qu’il vient de quitter, Simon Delétang porte au plateau cette histoire de l’éternel retour. Un soir d’hiver, un homme (épatant Julien Chavrial) et une femme (lumineuse Pauline Moulène) espèrent que leur fils Gustave (détonant Anselme Simon), disparu depuis plusieurs mois dans une avalanche, franchisse à nouveau la porte du foyer. L’attente est interminable, l’espoir tenu. Faute de corps, le deuil est impossible.
Pourtant, sans qu’aucune explication réaliste ne puisse l’expliquer, un soir, l’adolescent affamé revient. C’est le début d’un cycle infernal, de vie, de mort, qui met à mal les liens filiaux. Si l’enfant reste accrocher comme une sangsue à ses parents, ces derniers ont pris goût à une certaine liberté, et ne sont pas prêts à y renoncer. Avec une certaine délectation, un humour noir, l’auteur s’amuse à prendre le contre-pied des règles qu’imposent nos sociétés occidentales, à surfer aux frontières de la quatrième dimension. Non sans gourmandise et avec un goût du kitsch assumé, Simon Deletang s’empare de cette courte pièce délicieusement surréaliste et signe un spectacle des plus réjouissants, où les rires jaunes fusent, où la mauvaise conscience des parents, qui certes aiment leurs enfants, mais sont ravis de les avoir loin de chez eux, trouvent enfin un écho. À mourir de rire !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore -Envoyé spécial à Lorient
Retours de Fredrik Brattberg
Théâtre de Lorient – Itinérance
Jusqu’au 19 décembre 2023
durée 50 min
Tournée
10 novembre à 19 h 30 au Centre culturel l’Artimon, Locmiquélic
15 novembre à 10 h 30 à la Salle des fêtes, Plouay
16 novembre à 14 h et 20 h à la Salle des fêtes, Plouay
21 novembre à 18 h 30 à La Balise Kervenanec, Lorient
22 novembre à 20 h à La Balise Kervenanec, Lorient
24 novembre à 10 h au Lycée Jean Macé, Lanester
2 décembre à 20 h 30 à la Salle des fêtes, Meslan
19 décembre à 19 h à la Salle des Courreaux, Larmor-Plage
Mise en scène et scénographie de Simon Delétang
Texte français de Terje Sinding
Avec Julien Chavrial, Pauline Moulène et la participation d’un jeune comédien amateur, Anselme Simon
Collaboration lumière – Jérôme Le Dimet
Collaboration son – Yannick Auffret et Nicolas Lespagnol-Rizzi
Collaboration Costumes – Sandra Breiner