Gaelle Lecareux - La nuit du cirque © Gregg Brehin
© Gregg Brehin

Gaëlle Lecareux, l’Onyx de Saint-Herblain au féminin pour la Nuit du Cirque

Dans le cadre de la cinquième édition de la Nuit du Cirque, l’Onyx – théâtre de Saint-Herblain propose, du 17 novembre au soir au 18 au petit matin, une programmation entièrement féminine. Rencontre avec Gaëlle Lecareux, directrice de ce lieu pluridisciplinaire et atypique.  

Gaëlle Lecareux : Saint-Herblain est une commune de la périphérie nantaise, de pas moins de 50 000 habitants. Sorti de terre en 1988, l’Onyx est un immense cube noir, imaginé par l’architecte Myrto Vitar du cabinet Jean Nouvel, et situé au cœur d’un grand pôle commercial et d’une multitude d’enseignes. C’est assez intrigant quand on le voit pour la première fois. Au-delà de ces considérations architecturales et environnementales, le lieu a toujours été tourné vers la création danse contemporaine et est devenu, tout logiquement, scène conventionnée danse en 2016, lors de la réforme du label. Toutefois, les directions successives ont toujours tenu à ce que cela reste un plateau généraliste et pluridisciplinaire, où le théâtre a bien évidemment toute sa place. Venant plutôt de l’espace public, des arts de la rue, du chapiteau et des arts du cirque, j’ai souhaité élargir la question de la danse au mouvement et notamment à la question des arts du cirque. Ce qui fait qu’en 2017, nous sommes devenus Scène conventionnée d’intérêt national en création, pour les arts chorégraphiques et les arts circassiens. 

L'Hiver rude de la Cie La Générale posthume  © Francis Rodor
L’Hiver rude de la Cie La Générale posthume © Francis Rodor

Gaëlle Lecareux : De manière tout à fait basique, en tant que structure en partie dédiée au cirque, nous sommes adhérents depuis 2018 du Territoire de cirque, qui coordonne au niveau national l’événement. À chaque édition, c’est la troisième cette année, nous avons eu l’envie de proposer des formats singuliers, de marquer le coup à notre façon. La première année, nous avions imaginé une programmation sur 96 heures. C’était quasiment un festival à part entière. L’année d’après nous avions imaginé des soirées dédiées à des équipes artistiques. Pour cette troisième édition, nous avions le souhait de soutenir un des axes de notre projet, le soutien et l’accompagnement à la création artistique féminine, et notamment les artistes qui sont associées sur trois saisons, comme Anaïs Veignant, Pauline Dau et Vivi Roya.

Gaëlle Lecareux : De 19h du soir au petit matin, où nous prendrons tous ensemble le petit déjeuner, le public, qui a répondu présent en grand nombre, sera convié à voir cinq spectacles de cirque et autant d’intermèdes surprises allant de mini-concerts au stand de décoiffage. Et comme il est important de garder des forces et de l’énergie pour tenir toute la nuit, des moments de restauration et de convivialité ont été prévus. Nous avons aussi imaginé un lieu dans le théâtre dédié à la sieste pour ceux qui auraient besoin de se reposer un peu. Et pour finir en beauté, nous avons demandé à la DJette Maria Carrière de nous accompagner sur les dernières heures de la nuit jusqu’à la sortie du théâtre. 

Les Trois Graces de Pauline Dau, Angèle Guilbaud, Constanza Sommi © Paquito Couet
Les Trois Graces de Pauline Dau, Angèle Guilbaud, Constanza Sommi © Paquito Couet

Gaëlle Lecareux : le 17 au soir nous allons retrouver deux de nos artistes associés, Anaïs Veignant avec son solo Re-mue et Pauline Dau, en collaboration avec deux autres circassiennes Angèle Guilbaud et Constanza Sommi, dans un triptyque intitulé Les Trois Grâces, où chacune présentera un solo. Ont été aussi conviés des artistes et des compagnies que nous suivons depuis quelques années comme la Cie La Générale Posthume ou Véronique Tuaillon. Nous allons aussi accueillir la création de Samantha LopezAsthma furiosa. C’est extrêmement varié et cela offre un beau panel du cirque contemporain, de la manière dont se pose aujourd’hui la question du corps, le positionnement de la femme aujourd’hui dans la société, le rapport au corps, le rapport à l’identité, le rapport au genre. Cela fait écho à l’actualité ainsi qu’aux questionnements des gens face à l’évolution de la société. 

Gaëlle Lecareux : Oui, c’est même nécessaire. Le cirque est une discipline en mutation permanente, constitué d’un vivier extrêmement riche d’artistes et de créateurs qui dépassent clairement depuis plusieurs années, la question de l’exploit physique, de la performance. Techniques et agrès viennent servir un propos. Et c’est cela qui est passionnant de développer et de diffuser. Personnellement, la performance m’ennuie. J’ai besoin de vibrer, d’être questionnée, que la prouesse soit au service d’une idée, d’un concept que les artistes portent et transmettent. Et la grande force du cirque, c’est qu’il a toujours su garder son image populaire. Ça reste une discipline extrêmement mobilisatrice de public, mais tout en ayant une exigence aujourd’hui dans le propos, dans ce qu’il défend, dans ce qu’il donne à voir sur le plateau. 

Re_Mue  d'Anaïs Veignant © Laetitia Lopez
Re_Mue d’Anaïs Veignant © Laetitia Lopez

Gaëlle Lecareux : C’est une très belle initiative car cela permet au même moment de parler de cirque partout en France. Et depuis l’an passé cela a même passé les frontières. Par ailleurs, cela permet de montrer que le cirque peut sortir aussi du chapiteau, aller dans la rue, s’installer sur des plateaux. Je trouve cela d’ailleurs passionnant de voir comment les artistes s’emparent de ces lieux différents, comment ils explorent les interstices, les autres espaces scéniques. Il y a une telle générosité chez les artistes circassiens, que cela donne à voir des choses tellement variées et tellement inventives. 


La nuit du cirque 2023
du 17 au 19 novembre
2023

L’Onyx-Théâtre de Saint-Herblain
La nuit des femmes
le 17 novembre 2023

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