© Hervé Cherblanc

Dans Bao Bras, Élise Douyère conte le passage à l’âge adulte

Au Théâtre Molière de Sète, Élise Douyère crée "Bao Bras", un conte initiatique à destination du jeune public qui deviendra grand.

Pour cette création jeune public présentée à Mireval avec le Théâtre Molière de Sète – Scène nationale Archipel de Thau, Élise Douyère fait le pari du conte initiatique en abordant des sujets pourtant complexes. Porté par la compagnie Elisheba, Bao Bras trouve délicatement sa voie dans le passage de l’enfance à l’âge adulte.

© Hervé Cherblanc

Dans son village, le jeune Bao Bras est connu de tous pour sa petite taille qui lui permet de se cacher dans des trous de souris tandis que sa mère s’égosille à le rechercher en l’appelant “mon grand”. Ainsi trouve-t-il un refuge qui n’appartient qu’à lui, où il n’est confronté ni à la différence ni aux rires. C’était sans compter sur le fait que le petit Bao finirait bien par grandir un jour, finissant par les dépasser tous de son corps longiligne et dégingandé. En une nuit, comme par magie, voilà le héros de ce récit écrit par Clément Dupeux projeté dans un univers qui oscille entre onirisme, apprentissage et philosophie. Bringuebalé entre deux âges, dans cette étape de transition que l’on nomme adolescence, l’immense Bao – que sa mère surnomme désormais “mon petit” – part en quête d’autre chose, ailleurs.

Dans sa mise en scène, Élise Douyère imagine la narration de ce conte initiatique comme une fable qui se lirait avant de dormir. Ici le récit revêt plus d’importance que l’action à proprement parler. Ici ce que l’on raconte par les mots se développe largement sur le vaste plateau nu, à peine habillé par moments de quelques accessoires quand, derrière un rideau en fond de scène, sont relégués les souvenirs, les illustrations, les scènes d’un temps vivant. En optant ainsi pour la narration accompagnée de la musique en direct de Marceau Portron, la metteuse en scène fait le choix audacieux de tenter de capter un jeune public sans miser sur l’excès de spectacle, ce qui fonctionne, au regard de l’attention sans faille qui se manifeste dans la salle. En ce sens, la scénographie associée aux lumières apporte un relief délicat à l’ensemble, jouant simplement de temps à autres avec quelques procédés qui invitent à l’enchantement.

© Hervé Cherblanc

Pourtant, le texte n’a rien de totalement évident. Avec des termes parfois peu audibles pour un jeune auditoire et une poésie complexe qui s’amuse à tordre les phrases, Bao Bras ne cède rien à la facilité. Mais force est de constater que l’interprétation, bien qu’encore un peu légère en nuances au moment de cette création, est indéniablement investie et généreuse, rendant les thématiques développées accessibles et compréhensibles par tous. Car derrière les métaphores et la légende se construit peu à peu un parcours initiatique qui raccroche le conte à la réalité. Au-delà du sujet manifeste de la différence, de son acceptation et par extension celui de l’identité, Élise Douyère cherche aussi à arpenter le sentiment d’appartenance, la nécessité de trouver sa place au sein d’un monde en marche.

Ainsi Bao se confronte au mensonge, au deuil ou à l’échec, autant qu’à l’amitié, aux émois, à la fête. Dans son esprit de moins en moins naïf prend forme un paysage, celui d’une société dans laquelle il devra apprendre à vivre quel qu’en soit le prix, où il lui faudra trouver son propre espace. Bao Bras est un conte d’une belle douceur, assumé comme tel dans cette mise en scène qui parle aux jeunes spectateurs en utilisant les codes des plus grands.


Bao Bras d’Élise Douyère
Centre culturel Léo Malet Mireval – Théâtre Molière Sète
Durée 1h

Le 29 novembre 2023 au Théâtre des 2 points – Rodez
Le 3 février 2024 à DSN – Scène nationale de Dieppe
Le 6 avril 2024 au Théâtre de Villefranche

Mise en scène : Elise Douyère
Texte : Clément Dupeux en collaboration avec Elise Douyère
Avec : Marceau Portron, Rodolphe Poulain ou Charly Fournier (en alternance), Elise Douyère ou Pauline Collin (en alternance)

Création musicale : Marceau Portron
Assistante mise en scène : Pauline Collin
Regard extérieur : Guillaume Lambert
Scénographie : Hervé Cherblanc avec la participation de Camille Allain Dulondel
Création lumières : Théo Le Menthéour et Hervé Cherblanc
Création vidéo : Clément Dupeux
Création costumes : Lise Cretiaux avec la participation de Tifenn Morvan
Régie vidéo : Marjorie Calle et Théo Lavirotte
Régie son : Charlotte Notter
Régie lumières : Théo Le Menthéour et Hervé Cherblanc
Régie plateau et générale : Cléo Ringeval et Antony Lille
Avec la participation de : Nolwenn Ledu, Guillaume Geoffroy, Céline Vacher, Stanislas Perrin, Félix Bataillou, Emilie Fau, Emmanuel Danon et Timothée Lerolle

1 Comment

  1. J’y était ! Très beau ! et pour une première les enfants étaient captés et on applaudit à tout rompre .. Bravo Elise et les autres de la troupe ! a Petit Yeux ! !!

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