Dans la vie de bien des hommes, il y a un âge où le mot prostate devient récurrent, souvent lancé comme une boutade au moment de la pause toilettes. Mais on ne rigole pas avec cela ! Si les filles ont appris à faire attention avec leurs seins en faisait régulièrement des mammographies, les garçons ont tendance à esquiver le problème. C’est idiot.
Une très belle femme s’avance vers nous et se présente. Elle est la prostate de Paul. Celui-ci, âgé de cinquante-deux ans, commence à l’inquiéter par divers signes de dysfonctionnement évident. Madame Prostate rappelle son boulot dans le corps de son humain. Paul va voir un médecin, le verdict tombe : cancer ! Cela se soigne. Y’a plus qu’à l’enlever ! C’est radical mais efficace. Il va falloir admettre que certaines choses fonctionneront moins bien, voire plus du tout. Et apprendre à vivre ainsi.
Le rire est salutaire. Partant de son histoire personnelle, le comédien David Friszman a écrit une comédie finement construite sur ce sujet on ne peut plus sérieux. Il réside dans ce spectacle, grâce à sa mise en scène, une certaine poésie. Le soir de notre venue, la belle rousse Marie Le Cam interprétait avec délicatesse tous les personnages féminins et, bien sûr, la prostate elle-même ! Paul possédait la douceur fragile d’un Pierrot lunaire, spécificité que l’on aime tant chez Benjamin Alazraki. Les autres personnages masculins, dont ceux du corps médical, étaient joués subtilement par l’auteur. Ce spectacle, soutenu par l’association Cerhom (la fin du cancer, le début de l’homme), fait beaucoup de bien. Car il aborde avant tout la vie, celle que l’on se réapproprie après avoir frôlé la mort.
Marie-Céline Nivière
Radicale, texte et mise en scène de David Friszman.
Essaïon
6 rue Pierre au Lard
75004 Paris.
Jusqu’au 13 janvier 2024.
Les jeudis, vendredis et samedis à 21h.
Durée 1h05.
Avec en alternance Benjamin Alazraki, Christophe Corsand, Marie Bénédicte Dardenne, David Frizman, Marie Le Cam et Xavier Martel.