À la manufacture des Abbesses, après un beau succès avignonnais, Anne Martinet reprend H24, son adaptation ciselée de la nouvelle de Stefan Zweig, 24 heures de la vie d’une femme. Avec justesse, elle donne corps à l’amour dévorant qui consume son personnage et l’emporte jusqu’au vertige, jusqu’à la chute.

© Carole Bellaïche

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Aladin ou la lampe merveilleuse, un spectacle de marionnettes lorsque j’étais enfant. J’ai été fascinée par la magie de l’histoire et des lumières, je suis partie dans un monde imaginaire jusqu’alors inconnu pour moi.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
La sensation de liberté et de vie intense que je ressens dans le jeu. Des spectacles qui m’ont émue et touchée.

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédienne ?
Transmettre et éprouver la beauté des textes, ressentir des émotions et les partager avec le public, la sensation de vivre plusieurs vies et de traverser différentes époques…

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ? 
L’opéra Tancrède de Campra au Festival d’Aix-en-Provence, mis en scène de Jean-Claude Penchenat du Théâtre du Campagnol (il avait réalisé le Bal, spectacle et film que j’avais adorés).
Nous avions appris les paroles des rôles des chanteurs solistes et avons élaboré la mise en scène avant que les chanteurs arrivent en répétition, c’était passionnant, car nous travaillions également le texte sur la musique et le rythme avec le chef d’orchestre Jean-Claude Malgoire. 
La beauté de la scène de l’Archevêché, en plein air, son atmosphère magique.

Votre plus grand coup de cœur scénique ? 

Il y en a eu plusieurs. Notamment l’Échange de Claudel et le Soulier de Satin, de nombreuses mises en scène d’Antoine Vitez.

Les spectacles de Pina Bausch, Maguy Marin… 

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Des hommes talentueux, bienveillants, humbles, humains : Juan Crespillo, mon metteur en scène de H24, Michael Lonsdale avec lequel j’ai eu la chance de jouer.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Avoir la chance d’exercer mon métier me rend heureuse et m’épanouit, oui, on peut dire que mon métier est essentiel à mon équilibre.

Qu’est-ce qui vous inspire ?
La beauté, la simplicité, le calme, la passion. L’amour. La musique. Tous les arts.

De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Sacré. Le respect pour le spectateur et le texte que l’on joue. A chaque représentation, donner le meilleur de soi-même.

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Dans mon cœur, dans mes tripes, dans mon âme.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Jérôme Deschamps, Jean-François Sivadier, Maguy Marin et d’autres bien sûr, certainement…

À quel projet fou aimeriez-vous participer ? 
Jouer un grand texte, un Shakespeare, Ibsen, ou un Tchekhov au Palais des Papes à Avignon !

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Une sonate, un nocturne de Chopin, un concerto de piano, Les Quatre Saisons de Vivaldi, un morceau de Jazz, une chanson d’amour, un tableau de Vermeer, de Monet, de Rothko ou de Pollock !

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

H24 d’après 24 heures de la vie d’une femme de Stefan Zweig
La manufactures des Abbesses
7, rue Veyron
75018 Paris.
Du 18 octobre au 2 décembre 2023.
Du mercredi au samedi à 19h.
Durée 1h.

Adaptation et interprétation d’Anne Martinet
Mise en scène de Juan Crespillo
Régisseur Charly Thicot
Créatrice lumières Stéphanie Daniel.