Il est étonnant de découvrir que l’essai de Camus, Le mythe de Sisyphe, n’a jamais été porté à la scène par un comédien. Pourtant, l’auteur fait un bel éloge de ce qu’est l’art de jouer, d’interpréter d’autres êtres et, souvent, de mourir sur scène pour se relever ensuite et aller boire un verre ! Pierre Martot est donc Le premier homme à avoir la belle audace de théâtraliser cet ouvrage remarquable, dont le sujet est la vie.
Pour en comprendre le sens de toute l’absurdité qui en découle, puisque nous allons tous mourir un jour, faut-il agir ou se suicider ? « Avant de rencontrer l’absurde, l’homme quotidien vit avec des buts, un souci d’avenir. » Nous ne sommes pas ici pour faire une analyse de la pensée de Camus. Pierre Martot, dans une interprétation des plus précises, nous la livre intelligemment. À nous de l’écouter et d’y entendre les mots qui consolent et réparent. La parole du philosophe nous projette dans nos propres ressentiments et dans l’appréhension de notre fin.
Quand on mesure que cet essai a été écrit en 1942, alors qu’Hitler avait plongé le monde dans un absurde abyssal, on comprend L’homme révolté réfléchissant sur ce sujet. « Il n’est pas de plus beau spectacle que celui de l’intelligence de l’esprit aux prises avec une réalité qui le dépasse. » Nous sommes en 2023 et la réalité nous dépasse toujours. Est-ce là la pierre que nous devons pousser éternellement ? Camus termine par cette phrase : « Il faut imaginer Sisyphe heureux ». Alors disons-nous que quoi qu’il arrive, il faut que plus belle doit être la vie.
Marie-Céline Nivière
Le mythe de Sisyphe d’Albert Camus
Festival OFF Avignon
Théâtre Transversal
10 Rue Amphoux
84000 Avignon
Du 29 juin au 3 juillet 2024 à 13h, relâche les mardis.
Durée 1h05.
Lavoir moderne parisien
35 rue Léon
75018 Paris.
Du 11 au 29 octobre 2023.
Adaptation, mise en scène et jeu de Pierre Martot.
Collaboration artistique de Jean-Claude Fall.
Régie générale de Mathieu Rodride.
Assistant répétiteur Basile Meilleurat.
