JORGE LAVELLI: Metteur en scene photo realisee en 1995. © Pascal Victor/ArtComArt

Jorge Lavelli est parti au firmament des grands metteurs en scène

Avec la disparition ce lundi 9 octobre 2023 de Jorge Lavelli, une page du grand livre de l’histoire du théâtre se tourne.

JORGE LAVELLI: Metteur en scene photo realisee en 1995. © Pascal Victor/ArtComArt

Avec la disparition ce lundi 9 octobre 2023 de Jorge Lavelli, une page du grand livre de l’histoire du théâtre se tourne. Cet Argentin, né en 1932, naturalisé français en 1977, a été un des plus grands metteurs en scène de son époque. Nous lui devons des spectacles de toute beauté.

© Pascal Victor / Artpress

Avec CopiAlfredo AriasLavelli appartenait à ce groupe, que René de Ceccaty avait surnommé « les Argentins de Paris ». Arrivé France en 1960, pour étudier le théâtre, il y restera jusqu’à sa mort. Le jeune argentin fait ses armes à l’école de Charles Dullin puis à celle de Jacques Lecoq. Dans la mouvance foisonnante du théâtre des années 1960-1970, il se fait vite remarquer par ses premières mises en scène.

Jeune homme doué

Dès le début, le jeune homme se mit au service d’auteurs contemporains, comme ArrabalObaldiaHandke, IonescoPinterRezvani. Il est celui qui fit découvrir Witold Gombrowicz, en 1963, avec Le Mariage. Il reçut le grand prix du concours national des jeunes compagnies. Copi, était cher à son cœur. Il monta de nombreuses pièces de son compatriote. En 1999, il nous présenta même un texte inédit et savoureux, L’ombre de Venceslao, avec Dominique Pinon.

La Colline au firmament
Jorge Lavelli et Maria Casarès © Pascal Victor / ArtComPress
Maria Casarès et Jorge Lavelli en 1991 à Avignon © Pascal Victor

Pour beaucoup d’entre nous, Jorge Lavelli est attaché à la Colline. Nommé en 1987 à la direction de ce nouveau Théâtre National, il en partira en 1996. Sous sa direction, l’institution vécut  des premiers pas brillants. Dans l’hommage de l’équipe du théâtre, que l’on peut lire sur la page d’accueil du site, il est rappelé  que : « Durant ces neuf années, on ne reculait devant rien, les textes d’auteurs méconnus du public, les mises en scènes aux multiples entractes, l’audace des grandes aventures théâtrales dont Jorge avait le secret et qui d’ores et déjà font histoire. »

Au service des textes et des artistes

Durant toutes ces années, il nous a offert de magnifiques spectacles. Il nous a permis d’aller à la découverte d’auteurs, de metteurs en scène, de comédiennes et de comédiens. C’était toujours avec joie que je grimpais jusqu’à la Colline. La liste des spectacles auxquels j’ai assisté est si longue… je ne vais citer que le tout premier. C’était en 1991, la reprise à Paris, des Comédies Barbares de Ramón María del Valle-Inclán, créé pour la Cour d’honneur du Festival d’Avignon. Franchement, je n’avais encore jamais vécu une aventure théâtrale de cette puissance artistique. Et quelle distribution ! Michel AumontMaria Casarès, Claude Aufaure, Maurice ChevitDenis Gence et des jeunes à l’avenir prometteur comme Jean-Quentin ChatelainLuc-Antoine DiqueroJean-Claude Jay

Lavelli aimait les troupes mais surtout les comédiennes et les comédiens qu’il dirigeait formidablement. Son comédien fétiche, a-t-on envie de dire, était Michel Aumont. Chacune de ses prestations dans ses mises en scène nous laissait bouche bée d’admiration. On songe également à la grande Catherine Hiegel qui s’échappait régulièrement de la Comédie-Française pour aller jouer à la Colline. le metteur en scène argentin en fit, sur la scène du Français, une admirable Mère Courage.

Un homme d’honneur

Discret, il a ensuite poursuivi sa carrière, du Français à l’Atelier, en passant par le Rond-Point ou Théâtre de la Tempête. La France était sa terre d’attache mais il travaillait régulièrement à Buenos Aires, Madrid, Barcelone… Son autre passion était la musique. Il a signé un nombre impressionnant de mises en scène d’Opéra. Si le Syndicat de la critique le récompensa régulièrement par son fameux prix, les Molières le boudèrent un peu. S’il eut de nombreuses nominations, il n’obtient jamais la fameuse statuette dorée pour son travail de metteur en scène. En 2019, le Syndicat National des Metteuses et metteurs en scène (SNMS) lui décerna, le titre de membre d’honneur pour « sa fidélité constante et son engagement sans faille depuis son adhésion en 1964 ». L’État français reconnaissant de ses services rendus au théâtre, l’a fait commandeur des Arts et des Lettres, Commandeur de l’ordre national du Mérite.

Pour terminer, nous nous joignons à l’équipe de la Colline et tout comme eux nous pouvons tous dire que nous sommes « Éternellement reconnaissants, merveilleux Jorge, pour tout ce que tu nous as légué. »

Marie-Céline Nivière

Toutes les photos sont publiées avec l’aimable autorisation de Pascal Victor. Elles ne sont pas libre de droits.

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