Gabriel F. © Diego Bresani

Gabriel F. léve le voile sur les coulisses du théâtre  

Au Théâtre 14, Gabriel F. donne corps au "Jour J de Mademoiselle B.", roman graphique de son frère Marco Michelângelo et rend un bel hommage au théâtre et aux actrices.

Gabriel F. © Diego Bresani

Au Théâtre 14, l’artiste brésilien Gabriel F. donne corps au Jour J de Mademoiselle B., roman graphique (non encore publié) de son frère Marco Michelângelo et rend un bel hommage au théâtre et aux actrices. Rencontre avec un artiste sensible autant extravagant ! 

© Diego Bresani

Quelle est la genèse du projet ?

Gabriel F. : le spectacle est né de mon envie de partager avec le public le côté du théâtre qu’on ne voit pas en tant que spectateur : les coulisses et tout ce qui se passe pendant le processus de création d’un spectacle. J’avais envie qu’il puisse avoir accès, même de façon infime, au point de vue des professionnels, le trac, les doutes, les angoisses, et surtout la joie de monter sur scène pour les uns ou de rester en coulisses pour les autres. C’est mon petit hommage aux comédiens, aux techniciens et à tous ceux qui rendent possible la magie du théâtre, le public inclus. 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler autour de la jeunesse et de son rapport au théâtre ?
Le Jour J de Mademoiselle B. de Gabriel F. et de Michelângelo © Pascale Cholette
© Pascale Cholette

Gabriel F. : Ça fait presque 20 ans que je fais ce métier, mais c’est la toute première fois que je crée un spectacle jeune public ou plutôt « tout public ». J’avoue que ce n’était pas dans mes premiers plans, et que ça me faisait un petit peu peur. Et puis Arnaud Meunier, directeur de la MC2 – Maison de la Culture de Grenoble, dont je suis artiste associé, m’a passé commande. Je devais donc relever le défi. Le Théâtre a été une évidence. J’avais envie qu’il soit au cœur de cette aventure, d’autant que pour la plupart des enfants, ce sera la première fois au théâtre. J’ai donc voulu leur présenter ce que ce c’était cette machine à créer des fictions, tout en dévoilant certains de ses mystères. Les enfants, tout comme les auteurs ou les comédiens, sont des rêveurs à l’imaginaire foisonnant. Ils sont toujours très intéressés de savoir « commentça marche ? ». Le Jour J de Mademoiselle B. c’est, d’une certaine façon, une réponse à cette question. La pièce raconte l’histoire de la création d’un spectacle, depuis le premier jour de répétition jusqu’au jour de la première, le fameux jour J. 

Qu’est-ce qui vous a inspiré ?

Gabriel F. : Pendant le premier confinement, en 2020, mon frère Marco Michelângelo, avec qui j’étais confiné, a eu le besoin de dessiner, de révéler l’illustrateur qui était en lui. C’est aussi un comédien, j’avais donc envie qu’il m’accompagne sur ce projet. On a beaucoup parlé. À partir de nos discussions, j’ai commencé à écrire et lui à dessiner un roman graphique sur une actrice qui fut très célèbre et qui un jour a disparu mystérieusement. Cette diva, connue comme Mademoiselle Bibelot, a été le point de départ de l’histoire. J’ai eu l’envie d’évoquer son retour au théâtre après une si longue absence. Pour cela, nous nous sommes beaucoup inspirés des grandes actrices et, aussi, de l’univers Almodóvar. Marisa Paredes, notamment dans Talons aiguilles m’a servi de modèle pour créer Mlle Bibelot. Ainsi que Dalida, Catherine Deneuve ou Isabelle Huppert…

Votre univers est très « queer ». Est-ce important de l’aborder au théâtre et notamment vers un public jeune ?
Le Jour J de Mademoiselle B. de Gabriel F. et de Michelângelo © Pascale Cholette
© Pascale Cholette

Gabriel F. : Je ne définis pas mon univers comme « queer », mais il est vrai que souvent c’est quelque chose que l’on me renvoie. En-tout-cas, je ne pense pas à ça pendant l’écriture ou la mise en scène, mais je comprends cette lecture dans le résultat final. Sur scène, nous sommes trois garçons et nous jouons des rôles féminins, donc c’est naturel que des questions se posent. Par contre, ce que je défends dans ce spectacle, c’est plutôt la liberté que donne les arts, l’humanité des personnages et l’universalité des sentiments. Peu importe le genre, l’âge, l’origine, etc… Tout le monde connaît la peur, l’amour, la joie, la tristesse. Ce sont des sentiments universels et c’est ça qui m’intéresse le plus. D’autre part, je pense que, si on parle par exemple de l’homophobie, et même si la société a beaucoup évolué à ce sujet, il reste encore beaucoup à faire. Malheureusement, ça restera un sujet important qu’il sera encore important d’aborder longtemps. Ainsi que la transphobie, la place des étrangers, des femmes… Mais c’est important de rappeler que ce ne sont pas par forcément les sujets principaux du spectacle. Ils sont là en filigrane. En-tout-cas, la réflexion sur ces questions-là avec le jeune public d’aujourd’hui, aidera à construire une future société plus saine pour eux même. 

Que peut-on vous souhaiter ?

Gabriel F. : Je ne suis pas sûr d’avoir compris la question (le français reste quand même ma troisième langue, après le portugais et l’espagnol) mais je répondrai comme je crois avoir compris :
On peut me souhaiter « merde » C’est ce qu’on souhaite aux artistes au théâtre. Lorsque je partage le côté coulisses dans le spectacle, je le fais ici aussi. Merde, c’est ça qu’on se dit les uns aux autres, entres comédiens et techniciens, chaque soir, en coulisses, juste quelques minutes avant le début du spectacle. 

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore 

Le Jour J de Mademoiselle B. d’après le roman graphique de Marco Michelângelo
Théâtre 14 dans le cadre du Parcours Enfance & Jeunesse du Théâtre de la Ville – Paris
20 avenue Marc Sangnier
75014 Paris
Jusqu’au 21 octobre 2023
durée 50 min environ

Texte et mise en scène de Gabriel F.
Avec Gabriel F., Marco Michelângelo et Marti Güell 

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