L'éducation sentimentale de Flaubert - Emond, Kapps et Molaro © Pascal Gély

L’Éducation sentimentale, une belle féerie théâtrale

Au Poche Montparnasse, le trio Emond, Molaro et Kapps font briller sur scène « L'Éducation sentimentale » de Flaubert.

L'éducation sentimentale de Flaubert - Emond, Kapps et Molaro © Pascal Gély
© Pascal Gély

On ne change pas une équipe qui gagne. En 2015, le trio formé par Paul Emond, Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps — le premier à l’adaptation, les seconds à la mise en scène et l’interprétation — nous avaient régalés avec Madame Bovary. Ce spectacle d’une grande intelligence et d’une créativité folle faisait résonner les mots de Flaubert avec une force vivifiante. Aujourd’hui, ils s’attaquent à l’autre grand chef-d’œuvre de l’écrivain, L’Éducation sentimentale. Le résultat est tout aussi brillant.

La magie opère d’abord dans l’atmosphère mise en place. On oscille entre le récit narratif et le jeu. Le résultat forme une partition musicale interprétée magistralement à deux voix. On devrait même dire trois, la musique étant également présente, apportant une note délicieuse. Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps se partagent le texte, mêlant les dialogues au récitatif. Chacun y apporte sa propre musicalité. Comme ces deux comédiens ont un talent fou, on passe avec bonheur par toutes les étapes qui font vibrer l’histoire. Tout est lié, souple et agile. Dans une délicate et poétique mise en scène, les mots de Flaubert, magnifiquement orchestrés par Paul Emond, retentissent de toutes leurs beautés.

Captivé, on suit avec un immense plaisir l’histoire de Frédéric Moreau, antihéros romantique par excellence qui, par sa non-implication au monde, brûle peu à peu ses illusions. C’est fou comme certains prennent un malin plaisir à gâcher leur vie ! La part sociale du roman est bien présente. En étalant son récit de 1841 à 1867, Flaubert y dresse le portrait d’une génération nourrie au romantisme qui terminera dans la médiocrité de la vie. Il y dépeint également un monde qui se libère de la monarchie constitutionnelle pour aspirer à cette liberté qu’offrait l’idée de la République, et qui terminera sous le joug du Second Empire. En écho à notre société actuelle, ce texte résonne furieusement à nos oreilles. À ne pas manquer.

Marie-Céline Nivière

L’éducation sentimentale de Gustave Flaubert
Théâtre de Poche Montparnasse
75 bd du Montparnasse
75006 Paris.
Du 29 août 2023 au 3 mars 2024
Du mardi au samedi à 19h, dimanche 15h.
Durée 1h20.

Libre adaptation de Paul Emond.
Mise en scène et interprétation de Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps.

Collaboration artistique de David Talbot.
Scénographie d’Esther Granetier.
Lumières de François Thouret.
Costumes de Sabine Schlemmer.

Musique originale de Gilles-Vincent Kapps.

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