C’était un samedi, jour de shabbat. Ils ont été déportés ! Nous sommes en mars 1944, les Allemands s’accrochent encore. Les troupes alliés et soviétiques avancent. La communauté juive romaniote de Grèce avait été épargnée, jusque là. Datant de l’Empire romain, elle devait son salut à son passé. Les nazis décimeront plus de 85 % de sa population.
Metteuse en scène, traductrice (de Sophocle, Ajax, Antigone, comme de Shakespeare, Antoine et Cléopâtre), dramaturge (Les irresponsables de Broch), Irène Bonnaud aborde pour la première fois l’écriture théâtrale. Son spectacle se divise en deux parties. La première, sorte de prologue, est une adaptation scénique d’une nouvelle de Dimitris Hadzis. Avec toute sa poésie, l’auteur hellénique décrit la vie à Ionnanina, capitale de la communauté romaniote, avant la guerre. Le ton change pour la seconde partie qui est la chronique de la déportation grecque. En s’appuyant sur de nombreux témoignages et une documentation fournie, l’autrice accomplit un devoir de mémoire exceptionnel sur une histoire qui ne devrait jamais être oublié. On y découvre la force de ce peuple, qui sachant y faire avec la tragédie, n’hésita pas à se rebeller dans les camps.
Sa mise en scène est de toute beauté. De magnifiques statuettes de terre cuite, œuvres magnifiques de Clio Markis, sont installées sur un lino blanc posé au sol. Chacune représente un personnage, l’image de ces êtres que la barbarie a anéantis. La comédienne grecque, Fotini Banou se promènent entre elles, les déplacent au fil des récits. Passant de la narration au chant, faisant résonner superbement cette langue grecque et romaniote, sa prestation d’une grande finesse est des plus remarquables.
Marie-Céline Nivière
C’était un samedi de Dimitris Hadzis et Irène Bonnaud.
Salle de répétition du Théâtre du Soleil
Cartoucherie – Route du Champ de manœuvre
75012 Paris.
Du 9 au 30 septembre 2023.
Les mardis, mercredis, vendredis et samedis à 20h, le dimanche à 16h.
Spectacle en grec, surtitré en français.
Durée 1h30.
Mise en scène d’Irène Bonnaud.
Avec Fotini Banou.
Sculptures de Clio Makris.
Lumière de Daniel Levy.
Collaboration artistique d’Angeliki Karabela et Dimitris Alexakis.
Régie générale d’Apostolis Koutsianikoulis.
Surtitrage de Dimitris Alexakis.
