Kamel Isker © Lisa Lesourd

Kamel Isker, beau djinn des planches

À l’occasion de la reprise des "Poupées persanes" à La Pépinière Théâtre, Kamel Isker s’est prêté au jeu de notre questionnaire.

Kamel Isker © Lisa Lesourd

Sa remarquable prestation dans Les Poupées persanes d’Aïda Asgharzadeh a été récompensée par la statuette prestigieuse des Molières 2023, dans la catégorie Meilleur acteur dans un second rôle. À l’occasion de la reprise de ce magnifique spectacle à La Pépinière Théâtre, Kamel Isker s’est prêté au jeu de notre questionnaire pour une surexposition des plus méritées.

© Lisa Lesourd

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?

Je devais avoir cinq ans, en Algérie. Ma tante Fatiha m’avait emmené voir du théâtre en extérieur. Je me souviens encore des vagues de rires qui fusaient du public. Ce fut totalement impressionnant, dans le meilleur sens du terme.

Quel déclencheur vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?

Les Molières 2023 - Kamel Isker © Emmanuel Dunand
Cérémonie des Molières 2023 © Emmanuel Dunand

Je crois avoir toujours rêvé d’être comédien. Enfant, j’étais fasciné par Chaplin et par l’émotion qui se dégageait de ses œuvres. Je l’imitais pour faire rire mes copains en classe. À l’adolescence, j’ai commencé le théâtre et j’ai aussitôt adoré le rapport à la scène. Un vertige absolu. Puis il y a eu, je pense, un moment clé : une conversation en voiture avec mon frère Akim, devenu aujourd’hui réalisateur. Je crois qu’il avait senti avant moi ma profonde envie de devenir comédien. Tandis que nous roulions ce jour-là, Akim m’a encouragé à formuler à voix haute ma vocation, à exprimer mon désir pour le jeu… Ce fut l’instant de révélation !

Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ?

Il y a une part d’évidence que je ne saurais expliquer. J’étais attiré par la scène et par l’envie de raconter des histoires. Comme une nécessité.

Les poupées persanes - Aïda Asgharzadeh - Kamel Isker © François Fonty
Les poupées persanes © François Fonty

Quel est premier spectacle auquel vous ayez participé et quel souvenir en retenez-vous ?

Filumena Marturano d’Eduardo de Filippo dans une mise en scène de Gloria Paris au théâtre de l’Athénée Louis Jouvet. Aux côtés des talentueux Christine Gagnieux, Alain Libolt, Bruno Fleury, Evelyne Istria…

Gloria Paris a été la première personne à m’accorder sa confiance et je lui en serai éternellement reconnaissant. Je garde un souvenir magnifique de cette première expérience professionnelle. J’étais à la fois ému et empli de gratitude. Chaque soir, mon rêve prenait forme, j’assouvissais ma soif de plateau. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment compris que c’était parti pour la vie ! J’avais un tel appétit d’apprendre. L’aventure ne faisait que commencer.

Quel fut votre plus grand coup de cœur scénique ?

La main de Leila - Aïda Asgharzadeh - Kamel Isker © Alejandro Guerrero
La main de Leila © Alejandro Guerrero

Difficile de n’en citer qu’un… Je dirais sans doute Incendies de Wajdi Mouawad. Ce spectacle m’a pris aux tripes. Une immense claque ! Et dans un tout autre registre, les spectacles de James Thierrée me touchent beaucoup.

Quelles sont vos plus belles rencontres ?

J’éprouve beaucoup de reconnaissance envers les metteuses et metteurs en scène qui m’ont invité à embarquer dans leurs univers : Gloria Paris, Jean-Philippe Daguerre, Éric Bouvron, Xavier Lemaire, Johanna Boyé… Mais aujourd’hui, je pense tout particulièrement à Aïda Asgharzadeh et à Régis Vallée, deux immenses talents, devenus des amis proches. Ensemble nous avons créé La main de Leïla et Les poupées persanes. Et je crois que nous n’avons pas encore terminé de vous raconter nos histoires !

En quoi votre métier est-il essentiel à votre équilibre ?

Ce métier m’enrichit, me donne de la force, m’amène à expérimenter d’innombrables vies. Il interroge, éveille, invite à regarder le monde avec un regard neuf, développe l’imaginaire, permet de faire des bonds spatiotemporels, de transmettre… Un véritable chaudron magique de créativité. Qui m’est vitale.

Là bas de l'autre côté de l'eau - Xavier Lemaire - Kamel Isker © Fabienne Rappeneau
Là bas de l’autre côté de l’eau © Fabienne Rappeneau

Qu’est-ce qui vous inspire ?

La vibration des gens, leurs histoires, la musique, la danse, le cinéma…

De quel ordre est votre rapport à la scène ?

Je crois que j’ai un rapport organique à la scène, presque charnel. Peut-être même sacré. 


À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ?

Au niveau du ventre, des tripes, et du cœur. Ce métier est si exaltant, si captivant. Tout part du ventre, c’est une certitude.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?

Pommerat, Mouawad, Thierrée… Et tant d’autres…

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?

Un projet hybride mêlant Charlie Chaplin, Jacques Brel et Zidane. Ça aurait de la gueule, non ?

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?

Le couscous de ma mère. Une véritable œuvre d’art !

Propos recueillis par Marie-Céline Nivière

Les Poupées Persanes d’Aïda Asgharzadeh.
La Pépinière
7 rue Louis Le Grand
75002 Paris.
Du 14 septembre 2023 au 6 janvier 2024.
Du mardi au samedi à 21h, matinée samedi à 16h.
Durée 1h20.

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