L’affaire von Bülow est à l’image de ce que les Américains raffolent, mystères et meurtres chez des milliardaires. L’épouse, Sunny, belle et alcoolique, est retrouvée empoisonnée à l’insuline. Elle tombe dans le coma et y restera vingt-huit ans. Le mari a tout du coupable ! À son deuxième procès, il sera acquitté grâce à un nouvel avocat, jeune homme ambitieux et déterminé.
Alain Teulié (Le manteau de Janis) a imaginé la rencontre, dix ans après, entre ces deux l’homme, l’un déchu et l’autre au faîte de sa gloire. Si l’auteur n’éclaircit pas Le mystère Sunny, il met en avant deux personnalités charismatiques que tout oppose. Qui manipule l’autre ? Réglée minutieusement par le metteur en scène Dominique Guillo, cette joute verbale met face à face deux comédiens exceptionnels.
Patrick Chesnais, au sommet de sa forme et de son art, incarne avec une belle sensibilité et une sacrée fourberie le flegmatique Claus von Bülow. Celui-ci ne se reconnaît coupable uniquement de ne pas avoir su rendre heureux sa femme. On aimerait le croire. Son avocat, même s’il l’a fait disculper, n’en est pas convaincu. Nicolas Briançon est remarquable dans ce rôle de composition. Pas né avec une cuillère en argent dans la bouche, le jeune avocat s’est fait à la force d’un travail acharné. Le système judiciaire américain étant ce qu’il est, il a profité de ce procès pour gravir l’échelle de la réussite. Mais il n’en reste pas moins lucide.
L’association des deux comédiens fonctionne à merveille. Tels les grands joueurs de tennis, ils se renvoient la balle avec précision. Alors on suit le match avec intérêt. En sortant du spectacle, on se dit qu’on se repasserait bien le film de Barbet Schroeder avec Jérémy Irons et Glenn Close, Le Mystère von Bülow.
Marie-Céline Nivière
Le mystère Sunny d’Alain Teulié
Théâtre Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 Paris.
Jusqu’au 3 décembre 2023.
Du mercredi au samedi à 21h, matinées le samedi à 17h30 et le dimanche à 15h30.
Durée 1h30.
Mise en scène et musique de Dominique Guillo.
Avec Patrick Chesnais et Nicolas Briançon.
Décor de Jean Haas, assisté de Bastien Forestier.
Costume de Jean-Daniel Vuillermoz.
Lumières de Laurent Béal, assisté de Didier Brun.
Assistant à la mise en scène Grégory Juppin.
Perruques et maquillages de Catherine Saint-Sever.
