Vincent Garanger © Aglaé Bory

Vincent Garanger, comédien sur le fil de l’émotion

Dans la cour d'Honneur du Palais des Papes ou au 11.Avignon, Vincent Garanger habite la scène et touche au coeur avec justesse.

Vincent Garanger © Aglaé Bory

Présent cette année dans le In et dans le OFF d’Avignon, l’artiste multiplie les rôles et irradie la scène avec une belle intensité et une prestance incroyable. Seul homme dans la maison de Pauline Sales au 11.Avignon et vétéran raciste dans la cour d’honneur dans le Welfare mis en scène par Julie Deliquet, Vincent Garanger n’a pas son pareil pour imposer un jeu tout en finesse, attraper l’auditoire et rendre réel le fictionnel.

© Aglaé Bory

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ? 
Il y en a plusieurs : de vagues souvenirs d’odeurs de coulisses de patronage, de talc que mon père se mettait dans les cheveux pour jouer L’Ours de Tchekhov, dans une compagnie amateur, le passage des Tréteaux de France qui passaient une fois par an à Sablé-sur-Sarthe où j’ai passé mon adolescence. Je me souviens de Jean-Claude Drouot (qui allait quelques années plus tard devenir un de mes papas de théâtre) dans Cyrano de Bergerac, de José-Maria Flotats dans Don Juan, de Francis Perrin dans Les Trois Mousquetaires…) …et puis, l’émission Au Théâtre ce soir, rendez-vous hebdomadaire incontournable.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
Le Malade Imaginaire monté grâce à un prof de français passionné en classe de 5e dans lequel je jouais le rôle d’Argan. Inoubliable révélation. Moi, l’introverti, je découvrais l’univers du jeu et je sentais qu’on me regardait. On m’a très vite fait comprendre que ce n’était pas un vrai métier. J’ai donc relégué ce désir (considéré quasi malsain) jusqu’à mes 18 ans.

Welfare d’Après Frederick Wiseman, Mise en scène de Julie Deliquet © Christophe Raynaud de Lage

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien  ? 
Pourquoi aime-t-on jouer la comédie ? Je n’en sais rien. Pourquoi se sent-on attiré et apte à monter sur une scène pour y interpréter les mots d’un autre ? Je ne sais pas. Donc, y a-t-il un choix ? Sûrement pas, un appel plutôt.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ? 
En dehors de mes années de collège et de lycée où nous montions des spectacles une fois par an, mon premier contrat professionnel, à 19 ans, fut Meurtre dans la Cathédrale de T.S. Eliot, à l’abbaye de Fontevrault en Anjou, dans une mise en scène de Jean Guichard qui dirigeait à l’époque le Centre Dramatique National des Pays de Loire et le Conservatoire d’Angers où j’ai pris mes premiers cours d’Art Dramatique. Le théâtre lié au sacré, comme un cérémonial. Ce sentiment ne m’a jamais quitté.

Votre plus grand coup de cœur scénique ? 
Il y en a beaucoup : En attendant Godot  dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes dans la mise en scène d’Otomar Krejca avec Michel Bouquet qui allait devenir mon professeur au Conservatoire de Paris et sans doute la rencontre la plus déterminante de ma vie d’acteur. Ou, ce même Michel Bouquet dans « No man’s land » de Pinter dans la mise en scène de Roger Planchon avec lequel je travaillerais à ma sortie de Conservatoire. Une rencontre-là encore essentielle.

Quelles sont vos plus belles rencontres ? 
Je viens d’en citer deux. Alain Françon est sûrement le metteur en scène qui m’a fait le plus grandir. Gérard Desarthe pour l’intensité du jeu. Jean-Claude Drouot pour l’amour des tréteaux, de la troupe et des tournées. Philippe Delaigue pour l’intelligence de lecture des textes, l’engagement politique et l’amitié partagée, Fabrice Melquiot pour notre duo, Jean-Pierre Vincent… L’équipe du CDN de Vire – Le Préau, ma plus belle aventure de vie théâtrale. Et bien sûr, Pauline Sales pour son immense talent et notre parcours commun. Et, plus récemment, Julie Deliquet qui m’emmène ailleurs.

Les Femmes de la maison de Pauline Sales © Jean-Louis Fernandez
Les Femmes de la maison de Pauline Sales © Jean-Louis Fernandez

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
Il est essentiel bien plus qu’à mon équilibre. Il est essentiel tout court.

Qu’est-ce qui vous inspire ? 
Les auteurs. Je suis un interprète. 

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
Sacré. Quasi mystique. 

À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
Mon corps suit mon âme qui me commande.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ? 
Avec ceux qui ont envie de moi.

À quel projet fou aimeriez-vous participer ? 
Un qui ressemblerait à celui que Pauline Sales, Fabrice Melquiot et moi avons initié à Vire : un théâtre-feuilleton en 7 épisodes, chaque épisode dirigé par un metteur en scène différent. Ça s’appelait Docteur Camiski ou l’esprit du sexe. L’intégrale durait 8 heures et je ne quittais pas le plateau. 

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ? 
Aucune idée.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Welfare de Julie Deliquet, d’après le film de Frederick Wiseman
Mise en scène de Julie Deliquet
Festival d’Avignon
Cour d’honneur du Palais des Papes
Place du Palais
84000 Avignon

Du 5 au 14 juillet 2023
Durée 2h30

Les femmes de la maison de Pauline Sales
Festival Off Avignon – 11-Avignon
11 bd Raspail 84000 Avignon.
Du 7 au 26 juillet 2023 à 13h, relâche les 13 et 20 juillet.
Durée 1h45.

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