Au théâtre du Chêne noir, dans le OFF d’Avignon, le comédien et danseur, membre depuis 2017 de la compagnie la Tangente, se glisse dans les mots de Dubillard. Actuellement à l’affiche des Crabes et de Je ne suis pas de moi, Samuel Mercer donne avec une belle vivacité la réplique à Denis Lavant.
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Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Ma famille au Festival d’Avignon, à l’époque, il y avait des spectacles dans la cour du théâtre du Chêne Noir, ma sœur et moi avions 8 et 7 ans et nous nous amusions à tracter, à courir sur les gradins et à donner les notes aux acteurs, nous étions présents au bataillon tous les soirs.
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Ma rencontre avec Pina Bausch à 18 ans, son regard, son énergie d’une finesse absolue. J’ai fait un projet avec quelques danseurs du Tanztheater Wupertal et j’ai compris que je voulais aller étudier auprès de Pina en Allemagne. Aussi, La même année, Josée Dayan m’a choisi pour jouer le rôle de Mando dans La Mauvaise rencontre auprès de Jeanne Moreau.
Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien et Danseur ?
C’est en Allemagne à la Folkwang Schule dirigée par Pina Bausch pendant 30 ans que j’ai formulé ce désir de relier le théâtre, qui m’a été transmis par ma famille, et la danse : le geste et la parole, cette exploration me semble infinie.
Aussi, J’ai toujours été passionné par la peinture et ça me fascine d’observer les atmosphères que Rembrandt a pu créer de son imaginaire inépuisable : un temple rempli d’humains aux regards et expressions diverses, évoquant des situations accidentelles et voulues. Ces fresques de la comédie humaine, voilà ce qui m’intéresse !
Bonard disait d’une œuvre d’art : » Mille petits mensonges pour une grande vérité ! «
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Le premier spectacle de théâtre auquel j’ai participé est la création de Je ne suis pas de Moi en 2021 au théâtre du Rond-Point, que nous reprenons au Chêne Noir cette année. J’y ai fait la rencontre de Denis Lavant, et quelle rencontre !
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
– I Demoni de Peter Stein, son adaptation des Démons de Dostoïevski
– Place des Héros de Kristian Lupa
– Iphigénie en Tauride de Pina Bausch
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
J’ai créé un collectif d’Art vivant en 2017, la Compagnie Tangente, qui porte les deux spectacles Les Crabes et Je ne suis pas de Moi cette année au Chêne Noir pendant le Festival, ainsi qu’une performance the Parochial Segments pour les Rencontres d’Arles. Le travail commun d’une équipe artistique sur plusieurs années, la finesse des liens et la création d’une direction artistique partagée est ce qu’il y a de plus encourageant pour moi.
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Ce métier est fondamentalement lié au risque ; dès que le confort s’installe trop, c’est que quelque chose stagne. Et pourtant, se répéter chaque jour que l’on se bat pour une certaine vérité est source d’équilibre malgré tout
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Les peintures des grottes préhistoriques, la couleur éclatante de Bonnard, les atmosphères des films d’Orson Welles, les livres de Dostoïevski, la NATURE surtout !
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
J’aime cette phrase de Dubillard : « C’est aux comédiens que le mensonge est le plus difficile, on ne peut pas s’empêcher de montrer qu’on ment. »
J’ai appris à accepter qu’il ne faut pas forcément que se torturer. Le flux des humeurs et des images change constamment, parfois, c’est évident, parfois moins, pour moi le plus important est de construire un rapport intime avec ce qui semble juste. Aussi, c’est à travers le travail et le perfectionnement d’une intention qu’on arrive au détail et le détail est tout.
À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Le plexus Solaire, pour la joie et aussi pour l’angoisse
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Difficile question… Il y en a tellement…
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Celui de faire une grande fresque sur l’apparition des rituels sacrés et des religions dans les civilisations et sur le rapport que l’homme d’aujourd’hui entretient avec le sacré – à travers des documents historiques et les Mythes – qui réunirait théâtre, danse, et visuels de toute sorte !
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Le Peintre sur a route de Tarascon de Van Gogh !
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Les Crabes de Roland Dubillard.
Mise en scène de Frank Hoffmann
Festival Off Avignon – Théâtre du Chêne noir
8 bis rue Sainte Catherine
84000 Avignon.
Du 7 au 29 juillet 2023 à 19h15, relâche les 10, 11, 12, 17, 18, 19, 24, 25, 26 juillet.
Durée 1h15.
Je ne suis pas de moi de Roland Dubillard
Mise en scène de Maria Machado et Charlotte Escamez
Festival Off Avignon – Théâtre du Chêne noir
8 bis rue Sainte Catherine
84000 Avignon.
Du 11 au 26 juillet 2023 à 19H15 les mardis et mercredis