Au théâtre des Corps-Saints, Matthieu Welterlin et sa compagnie Brut Montage décortiquent, avec malice et extravagance assumée, nos comportements face à l’art sous toutes ses formes tout en s’intéressant jusqu’au vertige à ce trouble provoqué par une émotion excessive induite par la vue d’un tableau, d’une sculpture, ou toute autre forme artistique… Irrésistible !
Tantôt gardien de musée, conférencier, visiteur, femme enceinte déboussolée ou encore intervieweur précieux, l’artiste d’origine alsacienne déboule avec une faconde désopilante les modèles actuels de consommations de l’art. Attrapant au hasard de petites phrases entendues dans quelques expositions, quelques galeries de musées, il brocarde, comme l’avait fait dans Musée Haut Musée Bas, Jean-Michel Ribes avec le même humour ravageur, nos postures ignares, nos petites suffisances, nos excès en tout genre, à dézinguer les petits travers des experts comme des novices.
Auguste bouffon, homme-orchestre, Matthieu Welterlin change à vue, avec une aisance inouïe de ton, de voix, d’attitude. Inénarrable, le comédien, auteur et metteur en scène connaît son sujet sur le bout des doigts et, sans jamais tomber dans la didactique, il donne faussement autant que follement un court magistral d’histoire de l’art. Attention aux égos, chacun en prend pour son grade. Mais c’est pour la bonne cause, nous faire réfléchir sur l’art et sa signification forcément plus émotionnelle que cérébrale.
Dans un décor tout rose, rappelant quelques galeries d’art « hype », où se croiseraient statues de vierge sans visage, sacs poubelles et autres objets incongrus, l’artiste et ses deux acolytes – Audrey Kougoum et Sibylle Margueron – tout aussi déjantées que lui , défoncent les préjugés, décalent les théories universitaires les plus farfelues comme celles qui semblent les plus solides et régalent le public de saillies drolatiques complétement démentes. Parfois fragile, souvent « border » voire totalement barré, Le Syndrome de Stendhal est une performance inénarrable qui frôle souvent avec l’absurde, l’aliénation. Un régal !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Le Syndrome de Stendhal de la compagnie BRUT MONTAGE
Festival OFF d’Avignon
Théâtre des Corps-Saints
Place des Corps Saints
83000 Avignon
Du 6 au 29 juillet 2023, Relâche les Mardis 11, 18 et 25 juillet 2023
Durée 1h15
Mise en scène de Matthieu Welterlin
Avec Audrey Kougoum, Sibylle Margueron, Matthieu Welterlin
Création sonore – Doux George
Lumièresde: Maxime Suaire