Hedwig and the Angry Each de John Cameron Mitchell et Stephen Trask - Mise en scène de Dominique Guillo © Robin Levet

Brice Hillairet, une Hedwig au firmament queer du punk

Après un beau succès avignonnais, Dominique Guillo installe à Paris son adaptation de la comédie musicale queer "Hedwig and the Angry Each" et offre à Brice Hillairet un rôle en or paillette.

Au théâtre du Rouge Gorge, une star est née. Juste à deux pas du Palais des Papes, dont parfois on entend la clameur, Brice/Hedwig monte tous les soirs sur scène. Cheveux longs blond platine — une perruque bien sûr, short en jean ultra court et bustier lui donnant une silhouette féminine gracile, l’artiste fait une entrée remarquée au son des riffs de guitares, des sons de grosses caisses et de synthés. Irradiant·e, iel se donne à mille pour cent. Drôle, charismatique, vindicative parfois, la diva ne s’en laisse pas compter. Elle impose son style, son franc parler, ses tacles mordants. Nul ne lui résiste. Il faut dire qu’elle a de la bouteille, qu’elle en a connu, des drames. Mais toujours avec le sourire, elle se relève et remonte toujours la pente.

Hedwig and the Angry Each de John Cameron Mitchell et Stephen Trask - Mise en scène de Dominique Guillo © Robin Levet
© Robin Levet
La musique comme planche de salut 

Quand il naît garçon en Allemagne, Hansel est un enfant rêveur. Abandonné par son père, il grandit à l’Est, à l’ombre du mur avec sa mère, un sacré personnage. Il rencontre Luther, un bon et viril soldat américain. C’est la passion des corps. Les États-Unis sont à portée de main. Petit détail, le jeune homme doit se faire opérer et devenir femme pour suivre son beau militaire. C’est le carnage. Hansel est mort, vive Hedwig mutilée ! Loin de Berlin, l’amour déraille. L’exotisme n’est plus. Larguée quasiment le jour exact de la chute du mur, cet être de feu entre deux genres se réinvente. Elle chante, improvise, crée un groupe de punk rock, Hewdig and the Angry Inch — vous comprendrez le nom en allant voir le spectacle.

La musique, elle l’a dans la peau. Douée pour le son, pour les mots, juste pas forcément le bon physique, la bonne identité. L’amour c’est plus compliqué. Elle en a à revendre, mais pas si simple quand on est à part. Mais mieux que de vous raconter, laissez-vous faire, entrez dans la danse d’Hedwig, écoutez ses confidences trash, ses provoc’ choc. Vous serez séduit par sa verve, son kitsch et ses extravagances.

En transposant la comédie musicale de John Cameron Mitchell et Stephen Trask sous la forme d’un cabaret déjanté, Dominique Guillo signe un spectacle intensément décadent. Mais si c’est aussi réussi, c’est surtout dû au choix des artistes sur scène. En drag king, Anthéa Chauvière est parfaite. Aux instruments, Lucie Wendremaire, Louis Buisset, Antonin Holub et Raphaël Sanchez qui jouent en direct, sont incroyables. Mais surtout Brice Hillairet sort de sa chrysalide, brûle les planches et nous emporte dans sa folle interprétation. Il est juste « divine », ce serait dommage de passer à côté !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Avignon 

Hedwig and the Angry Inch de John Cameron Mitchell et Stephen Trask
La Scala Paris
13 boulevard de Strasbourg
75011 Paris
Du 4 mars au 6 mai 2024.
Durée 1h30

Café de la danse
5 passage Louis Philippe
75011 Paris
Jusqu’au 26 février 2024.


Festival OFF d’Avignon
Rouge Gorge
Place de l’amirande
84000 – Avignon
jusqu’au 29 juillet 2023 à 21h – relâche les 12, 19, 26 juillet 2023

Mise en scène de Dominique Guillo
Avec Brice Hillairet et Anthéa Chauvière
Directeur musical – Raphaël Sanchez
Musiciens Lucie Wendremaire, Louis Buisset, Antonin Holub

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