La Compagnie Diptyque Théâtre, animée par l’autrice et comédienne Mona El Yafi et le metteur en scène Ayouba Ali, aime sonder les questions de société. Pour cette nouvelle création, ils ont puisé dans Vertiges de l’aveu, ouvrage de la chroniqueuse judiciaire de Libération, Julie Brafman. Le résultat est assez remarquable.
Un diptyque est, en art, un tableau pliant formé de deux volets pouvant se rabattre l’un sur l’autre. C’est ainsi que Mona El Yafi a conçu le récit. D’un côté, nous aurons la version d’une femme qui vient spontanément faire des aveux. De l’autre, celle de la commissaire qui les recueille. L’affaire n’était pas simple, un cadavre brûlé dans son fauteuil, aucun indice exploitable, pas de suspect en vue. Alors quand Lenaïk, belle-fille de la défunte, vient soulager sa conscience en disant qu’elle a vu la victime le soir même et raconte leur face-à-face, la policière pense avoir trouvé un os à ronger, une piste à creuser. il est totalement, impossible pour elle, de ne pas résoudre une affaire. La confrontation des deux femmes va être terrible. Mais chut, suspens…
La mise en scène d‘Ayouba Ali est très étonnante. Cela débute par des codes classiques sur deux espaces. En avant-scène, une sépulture fraîche de terre devant laquelle Lénaïk a fait venir la police, au fond, la salle d’interrogatoire. Cela pose l’intrigue. Puis, tout bascule, la tombe se soulève pour devenir un bureau. Visuellement, c’est impressionnant. L’esthétisme de ce spectacle va de pair avec le déroulement de l’intrigue, donc nous ne pouvons pas en dire plus. L’interprétation de Mona El Yafi (la commissaire), de Cindy Girard (Lénaïk) et de Zachary Lebourg (le second policier) est tendu comme le fil de ce polar palpitant et surtout bouleversant.
Marie-Céline Nivière– Envoyée spéciale d’Avignon
Aveux de Mona El Yafi.
Festival Off Avignon – La Factory – Salle Tomasi.
4 rue Bertrand 84000 Avignon.
Du 7 au 23 juillet 2023 à 14h15, relâche les 10 et 17 juillet.
Durée 1h15.
Mise en scène d’Ayouba Ali.
Avec Mona El Yafi, Cindy Girard, Zachary Lebourg.
Scénographie de Louise Sari.
Lumière de Nicolas Galland.
Son de Najib El Yafi.
Régie d’Héloïse Evano (lumière) et Najib El Yafi (son).
