Un dernier Rêve pour la route © Emilie Brouchon

Un dernier rêve pour la route d’Helena Noguerra se déguste avec bonheur

Pour sa dernière pièce programmée au Théâtre du Rond-Point, Ribes, permet à Helena Noguerra de prendre "Un dernier rêve pour la route".

Un dernier Rêve pour la route © Emilie Brouchon

Helena Noguerra, pour le texte, et Catherine Schaub, pour la mise en scène, signent un très beau conte moderne, dans lequel une princesse endormie se débat contre vents et marées avec les malentendus de l’amour et règle ses comptes avec une mère envahissante. Avec ce spectacle, le dernier sous sa direction du Rond-Point, Jean-Michel Ribes nous gâte.

L’interprétation des rêves de ce cher Sigmund Freud est l’ouvrage considéré comme un moment fondateur de la psychanalyse. Ils seraient la prise de parole de notre subconscient, qui, tel un petit vélo, roule sur les pentes escarpées des méandres de notre conscience ! On peut même dire qu’ils pédalent souvent dans la choucroute ! L’héroïne de l’histoire est ici Ilena, une femme qui rêvait d’un monde où l’amour ne serait que douceur ! Devant les réalités de la vie, elle décide de mettre fin à sa vie en avalant une tonne de cachets. L’effet des psychotropes ingurgités lui fait faire quatre rêves, presque cauchemardesques, où apparaissent les raisons de son geste. À savoir une mère mal aimante, un amoureux despotique, une fée, une sirène-triton et deux lapins…

Tournée générale !
Un dernier Rêve pour la route © Emilie Brouchon
© Emilie Brouchon

Chanteuse, comédienne et autrice, Helena Noguerra est une artiste qui possède donc plusieurs cordes à son arc. La maturité étant passée par là, elle tire, avec cette pièce, une flèche qui atteint sa cible. D’une écriture savoureuse, son œuvre recèle une poésie qui personnellement m’a touchée en plein cœur. Les sujets abordés par cette jeune quinquagénaire, appartiennent à notre psyché, qu’elle soit miroir ou psychanalytique. Ces interrogations sur la vie, l’amour, les relations mère-fille, la féminité, les mensonges que l’on nous a vendu enfants, nous sont familières. Ne fermant aucune porte, elle laisse notre esprit la possibilité de vagabonder dans notre propre lecture.

Au pays des merveilles, l’art s’expose

Transposer sur scène le monde imaginaire de notre inconscient permet de transgresser les codes de la représentation réaliste et de baguenauder dans le surréalisme ! S’appuyant sur la très belle scénographie d’Emmanuel Clolus, Catherine Schaub, avec tout le talent qu’on lui connaît, a concocté une mise en scène de toute beauté.

La scène est envahie par un immense lit couvert d’un drap blanc. Au milieu de cet espace trône la belle endormie. Sur cette couche à la taille démesurée devenue le radeau de ses délires, surgissent et se promènent les créatures qui peuplent sa mémoire. Les draps se remuent en vagues, formant ainsi les nuages qui passent dans sa tête. La mère ne pénétrera jamais dans cet espace. Elle est là, veillant à ses côtes où errant tout autour. Les couleurs utilisées sont celles des contes, le blanc pour la pureté, les couleurs pour la fantasmagorie, le brun pour la marâtre. Pour notre plus grande joie, l’univers de l’autrice et de la metteuse en scène se complète en bonne intelligence artistique.

D’extraordinaires personnages au service du conte
Un dernier Rêve pour la route © Emilie Brouchon
© Emilie Brouchon

Helena Noguerra est à son aise dans ce personnage que l’on devine comme être une âme-sœur, un double. À la fois pétillante et bouleversante, elle nous a séduits par la précision de son interprétation. Dans le personnage de l’homme, de tous les grands amoureux rêvés comme le prince charmant où Roméo, mais également du lapin, Pierre Notte est remarquable. Le ton, narratif et scénique, de la pièce n’est pas très éloigné de son terroir artistique. La chanteuse et comédienne a déjà travaillé avec lui, comme metteur en scène pour La reine de la piste, comme adaptateur pour Véra. Il y a comme une communion évidente entre eux. En fée, en sirène-triton, en boxeur, en papillon ou en lapin, Romain Brau, qui signe aussi les costumes, est séduisant et surtout impressionnant.

Et puis il y a la Reine Christiane ! La Cohendy ! C’est une diva, un stradivarius, qui sait jouer la partition des sentiments. Cette immense comédienne est tout simplement, comme toujours, exceptionnelle dans ce rôle de mère nocive ! N’oublions pas, Philippe Eveno, qui de sa guitare accompagne le texte et les chansons. Et oui, c’est une comédie musicale aussi, comme chez Demy. N’hésitez pas, prenez ce Dernier rêve pour la route, parce qu’il met le cœur en fête et nous rappelle que si vivre n’est pas une mince affaire, c’est quand même une belle chose.

Marie-Céline Nivière

Un dernier rêve pour la route d’Hélène Noguerra.
Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris.
Du 6 au 24 juin 2023.
Du mardi au samedi à 20h30, dimanche 15h30.
Durée 1h20.

Mise en scène de Catherine Schaub.
Avec Romain Brau, Christiane Cohendy, Philippe Eveno, Helena Noguerra, Pierre Notte.
Assistanat à la mise en scène d’Agnès Harel.
Scénographie d’Emmanuel Clolus.
Création musicale d’Helena Noguerra et Philippe Eveno.
Design sonore de Jean-Baptiste de Tonquedec.
Costumes de Romain Brau.
Lumières de Thierry Morin.

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