Découverte en 2021 à la Belle Scène Saint-Denis à Avignon, où elle présentait sa toute première pièce, la jeune chorégraphe a su imposer un style, une présence, une virtuosité du geste. Poursuivant son parcours ascensionnel, Mellina Boubetra est en ce début juin à l’affiche des Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis et du programme Exaltations, annonçant le lancement de Paris Dance Project, une démarche artistique et sociale imaginée par Benjamin Millepied et Solenne du Haÿs Mascré.
© Emmanuelle Tricoire
Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Le concert d’Henri Dès, un gradin en pente, des longues banquettes marron pour les spectateur et les spectatrices, un parquet bien lustré clair.
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Le fait de sentir que je n’avais plus d’intérêt pour les études de Biologie Médicale et le manque de « vibration », de sensations.
Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être danseuse et chorégraphe ?
J’ai choisi de danser parce que c’était la seule chose qui m’attirait au moment de quitter la faculté. C’était l’endroit où je me sentais le plus, pleine de vie. Comme après une douche ou un bain glacé.
Pour la partie chorégraphie, j’avais envie de faire de la création en tant qu’interprète. J’ai été recalée de plusieurs auditions. J’avais le désir d’explorer avec d’autres personnes et cette envie m’a menée à la chorégraphie.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Le premier spectacle auquel j’ai participé était celui de fin d’année de la classe de Modern Jazz de Sylvie à la MJC TC de Colombes. J’ai un souvenir d’un mouvement de jupe, le tissu entre les doigts de la main droite. Des costumes rose fluo et bleu et le tapis de scène noir et de pas trop savoir si j’avais vraiment envie d’être là.
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Mon plus grand coup de cœur, c’est l’équipe d’INTRO lors de notre première représentation ensemble au Freaky Art Show de Julia Spiesser, un plateau partagé de plusieurs propositions de danse pour récolter des fonds pour une association caritative. Il y avait Lauren Lecrique, Giordana Tiberi, Katia Lharaig et moi. C’était en Juin 2017, on avait 4 t-shirts rose poudré, on commençait les 7 minutes de représentation en rentrant sur scène les yeux fermés. En confiance.
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
La plus déterminante, c’est celle avec mon professeur de Hip-Hop/duo Mohamed El Hajoui avec qui nous avons partagé la scène de mes 12 ans à mes 23 ans.
Encore une fois toute l’équipe d’INTRO, Patrick de Oliveira avec qui je travaille en musique depuis 2018. Andrew Skeels avec qui j’ai fait ma première représentation en compagnie en 2017…
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Danser fait partie de l’équilibre et est essentiel, mais le métier, c’est différent, ça soulève d’autres enjeux. Je dirais que le métier en ce moment perturbe l’équilibre plus qu’autre chose.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Les tous petits gestes irréfléchis des gens, les mouvements de cou des animaux, très souvent des oiseaux. Tout ce qui bouge et la dynamique surtout.
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
J’adore être sur scène pour tout ce qu’elle modifie en termes de perceptions.
À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Dans les creux, des coudes et juste 4 doigts collés à la verticale sous la fin du sternum.
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
J’aimerais bien réussir à travailler avec Instabul Ghetto Club, un collectif de musique électronique basé à Berlin. Nous sommes en contact pour performer ensemble, mais nous ne trouvons pas le bon planning pour le faire.
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Il faut que je réfléchisse. Peut-être à la recherche et l’élaboration d’un moyen pour respirer sous l’eau, sans matériel de plongée évidemment.
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
L’océan ou Princesse Mononoké ou Le Voyage de Chihiro. Petit faible pour l’océan quand même.
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
NYST de Mellina Boubetra – Création Vive le sujet ! 2022 – Festival d’Avignon
Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis
Le Pavillon – Romainville
8 avenue Paul Vaillant Couturier
93230 Romainville
les 6 et 7 juin 2023 à 20h
Durée 25 min
Avec Mellina Boubetra, Julie Compans, Patrick de Oliveira
Texte de Julie Compans
Mise en scène et chorégraphie de Mellina Boubetra
Musique de Patrick de Olivera
Time to empty the Bladder de Mellina Boubetra
Exaltations – programme imaginé par Benjamin Millepied et Solenne du Haÿs Mascré
Paris Dance Project
le 1er juin 2023 à La Philharmonie de Paris dans le cadre de la Nuit de l’Ourcq
le 3 juin au Hangar Y à Meudon
Le 4 juin 2023 à Poush à Aubervilliers