À l’Opéra Grand Avignon, Emilio Calcagno, directeur de la danse, a imaginé avec 7*7 Salon chorégraphique un troisième programme de saison pour un ballet des plus originaux. Jouant les entremetteurs, il a invité sept chorégraphes d’horizons très différents à choisir un danseur parmi le corps de ballet pour créer in situ un duo de sept minutes. À vos carnets !

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D’où est venue l’idée de ce 7*7 Salon chorégraphique ?

Emilio Calcagno : Quand j’ai pris mes fonctions en septembre 2021, ça a été un des premiers projets qui m’est venu à l’esprit. Au-delà des grands formats que j’avais prévus pour le plateau et qui sont à mon sens nécessaires pour faire vivre un corps de ballet, tel que celui qui est associé à l’Opéra Grand Avignon, j’ai eu l’envie d’inventer un objet scénique original, de faire un cadeau aux danseurs et danseuses en leur proposant un tête-à-tête unique avec un chorégraphe, mais aussi de voir sept chorégraphes d’âges et d’esthétiques différents se partager l’affiche. C’est quelque chose de rare dont le public n’a pas l’habitude. Ce qui me plaisait, notamment, c’était le fait qu’en une heure chrono, il soit possible de découvrir sept écritures qui se répondent, s’opposent et se confrontent. 

Les sept pièces courtes sont des duos…

Emilio Calcagno : Oui, chaque chorégraphe invité est venu une journée rencontrer et observer le corps de ballet afin de choisir le danseur ou la danseuse avec qui il avait envie de danser. Une fois le choix fait, l’artiste et l’interprète ont eu sept jours pour créer un spectacle de sept minutes. La notion du temps dans cette histoire est à mon sens très importante, voire primordiale. Je voulais que le programme ainsi construit en sept séquences rappelle un peu l’ambiance des concours de danse. Ce n’en est bien sûr par un. Il n’est pas ici question de mesurer les talents des uns et des autres, mais bien d’un programme éphémère qui doit sa singularité à ce tempo prédéfini lié au chiffre sept, que ce soit en jours de création, en minutes d’exécution. 

Vous avez sous-titré ce programme « Salon chorégraphique ». Pourquoi ?

Emilio Calcagno : C’est fortement lié à la scénographie. Sur le plateau vont être installés des chaises et des canapés. Tout le long du programme, l’ensemble des chorégraphes et des interprètes seront présents sur scène. Je voulais vraiment qu’on ait l’impression d’une battle, que ce ne soit pas de simples duos qui s’enchaînent mais bien que cela raconte une histoire. D’ailleurs, la dernière danse réunit l’ensemble des couples au plateau dans un moment de partage et de communion. Ce 7*7 est une recréation. Tout est ciselé, travaillé, mais pour clôturer la saison, il fallait un événement festif et j’espère y être arrivé. 

Comment s’est fait le choix des chorégraphes que vous avez invités ?

Emilio Calcagno : Cela a été un peu laborieux. D’un côté, j’avais certains noms en tête, de l’autre, il fallait trouver des artistes disponibles sur les dates de répétition, et donc faire du sur-mesure. Ce qui m’intéressait tout particulièrement, c’était que soient présents au plateau des chorégraphes affirmés comme Olivier Dubois et d’autres en train d’émerger, comme Leïla Ka. Ce 7*7 doit être un lieu de contraste, d’échange et de confrontation. Le plus compliqué d’ailleurs a été de convaincre les artistes femmes. Elles avaient plus de réticences, plus de questions à l’égard du projet, notamment sur le fait de se mettre en scène. C’est quelque chose que je n’avais pas mesuré, mais qu’il a fallu que je prenne en compte. 

Qu’attendez-vous de ce projet ? 

Emilio Calcagno : Déjà, le projet est un peu particulier en soi. Souvent, on a tendance à passer commande à un chorégraphe pour un solo, mais jamais ce dernier n’est sur scène. Il ne se met pas en jeu et reste en coulisse. Je trouvais donc intéressant de modifier cela, de faire en sorte que l’on change de regard et que l’artiste participe à l’aventure, qu’il soit lui aussi en prise avec le plateau et avec le public. Pour un Opéra comme celui du Grand Avignon, il est important d’innover, de se distinguer. Ce programme 7*7 est quelque chose d’innovant, de différent. On n’attend pas cela ici dans la Cité des Papes. Depuis que je suis arrivé, j’essaie vraiment d’insuffler un nouveau tournant, de mettre l’écriture chorégraphique au cœur du projet, d’offrir au public des propositions très variées pour attiser leur curiosité. Et puis sur les sept propositions du salon chorégraphique, chaque spectateur devrait trouver de quoi se nourrir et se laisser porter. 

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’aAmore 

7*7 Salon chorégraphique
Opéra Grand Avignon
Place de l’horloge
84000 Avignon
Le 19 mai 2023 à 20h
Durée 1h00 

Concept d’Emilio Calcagno
Chorégraphies d’Olivier Dubois, Johanna Faye, Edouard Hue, Leila Ka, Sylvere Lamotte, Rosalba Torres Guerrero, Andrea Costanzo Martini
Lumières Idalio Guerrero