Au Théâtre 95, l’une des deux salles de Points Communs, Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise, du 5 au 7 avril 2023, Mélissa Von Vépy présente L’Aérien, une conférence renversante autour du mythe d’Icare et de ce rêve fou des humains de vouloir voler. Acrobate émérite, trapéziste s’amusant avec la gravité, l’artiste circassienne est aussi à l’affiche du Festival normand Spring où, accompagnée du pianiste Stéphan Oliva, elle invite à un voyage tant visuel que musical. Rencontre.
© Ximena Castro
Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Art vivant, je ne sais pas mais pour le spectacle, je crois bien qu’il s’agît du cirque Knie : un mélange de peur et de fascination.
Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être circassienne ?
La joie de grimper aux arbres, y construire des cabanes, m’a conduit à vouloir apprendre à faire du trapèze. Cette école de cirque pour enfants, (marginale dans les années 80), s’est rapidement avérée pour moi un espace créatif et de partage, où j’ai découvert les différentes facettes de cet art du spectacle. Ayant vu notamment La Volière Dromesko puis QueCirQue, mes goûts se sont orientés vers un cirque plus contemporain. Intégrer le cursus du CNAC (Centre national des Arts du cirque) m’a permis, via de belles rencontres avec des metteurs en scène et/ou chorégraphes, d’élargir mon horizon artistique, tout en précisant peu à peu mon désir de jouer autant que de créer mes propres pièces.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Vraiment petite, une animation de quartier, très gros trac.
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Des pièces de Pippo Delbono, de Pina Baush m’ont bouleversée, d’autres de Peeping tom, de Pierre Meunier ou Joël Pommerat et récemment – parce qu’il ne coche aucune des cases attendues – j’ai vraiment aimé Garcimore est mort de mon ami Gaël Santisteva.
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Sur le plan artistique, il y a deux femmes qui comptent beaucoup dans mon cheminement : Pascale Henry (autrice et metteuse en scène) et Sumako Koseki (danseuse, chorégraphe).
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Hé bien, oui, j’avoue que le constant déséquilibre que provoque ce métier au regard d’un quotidien plus standard m’est tout à fait nécessaire.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
La littérature, le cinéma, les spectacles (même ennuyeux), regarder par la fenêtre dans le train (quand il roule)…
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
C’est un outil technique génial pour matérialiser des choses intérieures et ténues au départ : visions, perceptions… Tout y est possible et tout doit y devenir extrêmement important.
À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Bien que mon premier langage artistique soit celui du corps, bien que je pratique assidûment le Qi gong, je dirais sans poésie : mon cerveau.
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Ceux avec lesquels je travaille aujourd’hui !
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
C’est fait ! Piano Rubato : un duo avec le compositeur pianiste Stéphan Oliva que nous venons de créer, et pour lequel nous avons conçu, avec Neil Price, une sculpture sonore et mouvante extraordinaire : un piano-bateau. Ce vaisseau fantôme oscille et pivote grâce à mon souffle, au gré de mes mouvements et de la musique de Stéphan.
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Une sculpture de Giacometti, avec la voix de Chrissie Hynde, dansant comme Carlotta Ikeda et jouant comme Romy Schneider.
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
L’Aérien de Mélissa Von Vépy
Théâtre 95
Points Communs
Allée des Platanes
95000 Cergy
du 5 au 7 avril 2023
Piano Rubato de Mélissa Von Vépy et de Stéphan Oliva
Festival Spring
Les Franciscaines
145b avenue de la République
14800 Deauville
les 15 et 16 avril 2023
Les Soirées Cie Happés
Le lieu de la Fabrique
189 rue de la Poste
30670 Aigues-Vives
les 2 et 3 juin 2023
