Le Village des sourds de Léonore Confino - Mise en scène de Catherine Schaub © Émilie Boruchon

Le village des sourds, la fable inuite de Léonore Confino

Au Rond-Point, Léonore Confino retrouve sa partenaire de longue date, Catherine Schaub et présente sa dernière pièce, Le Village des sourds.

Au Rond-Point, après une résidence de quinze jours en début d’année à la Maison de Nevers, Léonore Confino retrouve sa partenaire de longue date Catherine Schaub et présente sa dernière pièce, Le Village des sourds, un conte philosophique qui emmène le spectateur dans des contrées lointaines, où la nuit dure six mois et où le paysage se compose de mille nuances de blanc. Quel contraste, dès que l’on y pénètre, avec une salle Tardieu transformée malencontreusement en four. La touffeur qui y règne est à la limite du respirable. En consolation, sur scène, le sol, recouvert de poudre blanche imitant la neige et la glace, donne l’impression qu’un vent glacial venu du grand nord pourrait souffler et rafraîchir l’atmosphère.

Vêtus de doudounes et de peaux de bêtes, une jeune fille d’à peine quatorze ans et son compère d’une trentaine d’années de plus, perchés sur le haut d’un igloo, semblent scruter l’horizon. Sourde de naissance, Youma ne s’exprime qu’en langue des signes. Malgré son jeune âge, elle a des choses à nous conter. Son histoire, c’est celle de son village, Okionuk. Riche de leur langue, où quarante termes existent pour évoquer la neige, de leur grande capacité à communiquer les uns avec les autres, les habitants de ce no man’s land perdu dans le nord du globe vivent heureux et en parfaite harmonie avec les voisins.

L’arrivée dans un immense camion noir d’un marchand ambulant peu scrupuleux va tout chambouler. Leur vendant des choses inutiles, qu’il a su rendre indispensables, par son langage sibyllin, le maquignon finit par acheter leurs mots, faute d’argent sonnant et trébuchant. Peu à peu, La civilisation décline, la culture se perd, les paroles devenues incompréhensibles se muent en gestes menaçants. Une guerre fratricide se profile. L’espoir de ne pas péricliter totalement réside dans les mains volubiles de la jeune adolescente. Seule contre tous va-t-elle pouvoir sauver son mode de vie, ses coutumes ancestrales et éviter que la mondialisation galopante uniformise ses rêves ?

Porté par le talentueux Jérôme Kircher et sa fraîche complice, la jeune Ariana-Suelen Rivoire, le conte joliment troussé par Léonore Confino prend vie sur le plateau grâce à la mise en scène ciselée de Catherine Schaub. Un brin naïve, cette fable philosophique se laisse néanmoins écouter avec plaisir et berce agréablement le public. Un bel ouvrage à voir en famille !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Le Village des sourds de Léonore Confino
Théâtre du Rond-Point
1 avenue du Président John Fitzgérald Kennedy
75001 Paris 
Jusqu’au 23 avril 2023
Durée 1h10 environ 

Mise en scène de Catherine Schaub assistée de Clara Orosevic
Avec Jérôme Kircher et Ariana-Suelen Rivoire
Interprète LSF – Frédéric Baron
Assistanat à la mise en scène : Clara Urosevic
Scénographie d’Emmanuel Clolus 
Régie générale – Guillaume Michalska 
Lumières de Thierry Morin
Création sonore – R.Jericho
Costumes de Julia Allègre

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