Guillaume Constanza © India Lange

Guillaume Costanza, artiste intensément habité

Dans le cadre du WET Festival du Théâtre Olympia de Tours, Guillaume Costanza donne corps aux mots de Charly Breton, dans Sous l'Orme.

Guillaume Constanza © India Lange

Récemment vu dans Grand Palais de Pascal Kirsch, Guillaume Costanza ouvre le bal du WET, festival tourangeau dédié à la jeune création artistique, qui se tient au théâtre Olympia du 24 au 26 mars 2023. En se glissant dans les mots de Charly Breton, le comédien interprète un jeune homme assujetti corps et âme à celui qu’il nomme « l’Ogre », spectre de toutes les radicalisations. Un rôle qui sied à sa présence tant ténébreuse, brute que romanesque.

© India Lange

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ? 
C’est probablement un sketch d’Elie Kakou à la télévision. C’était l’époque où les télévisions étaient énormes, comme de grosses boîtes. Le jour où j’ai vu Elie Kakou dans la boîte, j’ai pensé qu’il était réellement là, tout petit, comme dans un théâtre miniature, et mon plus grand rêve, c’était de le rejoindre à l’intérieur.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
Le jour où mon professeur d’histoire de l’art m’a dit que je devrais penser à avoir un vrai métier. Ça vous oblige à vous affirmer.

Sous l'orme de Charly Breton - avec Guillaume Constanza © Romain Debouchaud
© Romain Debouchaud

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ? 
Je ne me souviens pas d’avoir choisi. Je crois que ça a toujours été comme ça. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours imité les actrices et les acteurs que je voyais au cinéma ou à la télévision. J’ai toujours voulu faire ça. J’ai commencé à jouer pour ma famille, et ça ne m’a plus quitté.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ? 
Je devais avoir onze ans. Je ne me souviens plus du spectacle, mais je me souviens de la peur. Dans l’après-midi avant la représentation, la sensation que chaque minute qui passait me rapprochait un peu plus du moment fatidique et inévitable. Tu sais que tu ne peux plus y échapper et la peur irradie le ventre. Je me souviens aussi d’un camarade avec qui j’adorais jouer. Un premier partenaire !

Votre plus grand coup de cœur scénique ? 
Le dernier grand choc au théâtre, le dernier bouleversement, c’était Put your heart under your feet… and walk, de Steven Cohen. 

Quelles sont vos plus belles rencontres ? 
Angélica Liddell, parce que c’est une artiste exceptionnelle. Travailler avec elle a été la plus belle chose que mon métier m’ait donnée à vivre. Laurent Poitrenaux, parce que son absolue générosité et son amour vous donnent confiance, vous élèvent, vous rendent plus grand, plus fort. Quand il m’a proposé cette chose folle qui est la passation d’un rôle qui a été fondateur pour lui, Le Colonel des zouaves, j’ai compris que ce projet allait dépasser le cadre du théâtre, qu’il allait s’inscrire dans une autre temporalité, celle de la vie. Ce spectacle a traversé le temps, vingt-cinq années maintenant. Aujourd’hui, il emprunte un autre corps, le mien, et il continue à vivre. Je trouve ça merveilleux. 

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
Je crois que lorsqu’on est actrice ou acteur, on l’est à chaque seconde de notre vie, même quand on ne travaille pas. D’une certaine manière, on est toujours en train de travailler. On vit avec, comme on dit.

Qu’est-ce qui vous inspire ? 
Marcher dans les rues.

Sous l'orme de Charly Breton - avec Guillaume Constanza © Romain Debouchaud
© Romain Debouchaud

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
C’est paradoxal. Ça expose et ça protège en même temps. Je suis exposé dans une nudité crue et pourtant, je me sens bien, comme chez moi, libre. C’est comme habiter une maison aux murs de verre. « Un endroit où les êtres et les choses touchent enfin à la liberté », écrivait Louis Jouvet. Je ne peux pas mieux le formuler. Même s’il m’a fallu du temps avant de croire comprendre cette phrase.

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
Dans mes mains. Quand elles transpirent, quand elles sont sèches, quand elles tremblent, quand le bout des doigts est rongé ou qu’au contraire les ongles sont impeccables. Elles vibrent avec mon métier.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ? 
Avec des gens que j’admire, comme Jean-François Sivadier, Christoph Marthaler, Julie Deliquet, Alain Françon, Roméo Castellucci, Pascal Rambert. Mais aussi David Lynch, Roy Andersson et Pedro Almodóvar.

À quel projet fou aimeriez-vous participer ? 
Un Macbeth à la Cour d’honneur.

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ? 
Le vingtième Concerto pour piano de Mozart, en ré mineur.

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Sous l’orme de Charly Breton
Festival WET
Théâtre Olympia
Salle Bernard-Marie Koltès
7 rue de Lucé
37000 Tours

Sous l’orme de Charly Breton © Théâtre Olympia

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