Au Théâtre du soleil, pendant qu’Ariane Mnouchkine organiseà Kiev, avec quinze de ses collaborateurs, un stage de théâtre à l’École nomade, les Ukrainiennes punks du groupe rock les Dakh Daughters portent au plateau les souffrances et violences subies par leurs concitoyens depuis l’invasion de leur pays par les Russes le 24 février 2022, soit il y a à peine plus d’un an. Arrivées en France en mars de l’année dernière, elles sont accueillies au Préau – CDN de Vire.
Dirigée par Lucie Berelowitsch, qui les connaît bien, pour avoir monté avec elles en 2015, un Antigone et plus récemment un Pirandello au TnBA, L’institution normande, aidée par le ministère de la Culture et plusieurs théâtres partenaires, ont mis à disposition des cinq comédiennes et chanteuses, plateau, logements, soutien logistique et administratif, pour leur permettre de continuer à créer, continuer leur combat à travers leur art. De cette solidarité, de cette énergie commune, coordonnées par Vladislav Troitskyi, fondateur du Dakh Theatre, où elles ont été formées, est née en juin dernier Danse Macabre, un spectacle rare, un coup-de-poing scénique à la beauté sépulcrale qui met tout le public K.O.
Loin des bombes qui ravagent leur pays, Natacha Charpe, Natalia Halanevych, Ruslana Khazipova, Solomia Melnyk et Anna Nikitina, accompagnées au plateau par Tetiana Troitska, et à la mise en scène par leur mentor, donnent à voir, à entendre les témoignages des exilé·e·s, de ceux et celles qui ont tout laissé derrière eux, les histoires de ceux et celles qui sont resté·e·s, qui ont subi sévices, violences barbares que l’on croyait d’un autre âge, d’un autre temps. En tutus noirs destroy, en impers beiges, en nuisettes de soie, poussant quelques valises à roulettes transformées en immeubles en proie aux flammes, les Dakh Daughters habitent le plateau de leur rage, de leur énergie désespérée. Tissant récits de guerre aux mots du Livre de Job, elles font de l’horreur, une tragédie contemporaine, un acte de résistance. Une claque dont on n’est pas près d’oublier les marques rouge sang qui s’impriment au plus profond de nos âmes, de nos cœurs !
Oliver frégaville-Gratian d’Amore
Danse macabre des Dakh Daughthers
Théâtre de la Cité Internationale
17 boulevard Jourdan
75014 Paris.
Du jeudi 21 au samedi 23 septembre 2023 à 20h30.
Durée 1h30
Théâtre du Soleil
Route du champ de manœuvre
75012 Paris
jusqu’au 2 avril 2023
Un spectacle musical de Vladislav Troitskyi
Avec les Dakh Daughters (Natacha Charpe, Natalia Halanevych, Ruslana Khazipova, Solomia Melnyk, Anna Nikitina) et Tetiana Troitska
Musique des Dakh Daughters
Création lumières d’Astkhik Hryhorian
Accessoires – Rowland Buys
