Ce mercredi 25 janvier, à l’âge de 72 ans, le metteur en scène, comédien et animateur de la fameuse troupe de Baladins en Agenais s’est éteint dans la ville qui l’a vu naître, Villeneuve-sur-Lot. Un grand monsieur s’en est allé.
Pour beaucoup d’entre nous, Roger Louret était le magnifique faiseur de spectacles musicaux dans les années 1990. Il y a eu La java des mémoires, Les années Twist, Les Z’années Zazous, La fièvre des années 1980. Nommé régulièrement aux Molières, il obtiendra la récompense suprême en 1995, avec Les années Twist. Le concept était simple mais d’une grande efficacité. A travers les tubes de l’époque, une génération, avec ses rêves, ses espoirs, nous était raconté. La troupe était composée de jeunes talents qui nous entraînaient dans un tourbillon formidable. Comme il y eut plusieurs reprises, il fut aisé de voir et revoir ces belles fresques. Je l’avoue, je ne m’en suis jamais privé.
Louret était aussi l’homme doué et patient qui mettait en scène Pierre Palmade, Muriel Robin, Mimi Mathy, Guy Bedos, Elie Semoun. Il n’hésitait pas à apporter son aide à des jeunes comédiens en devenir. Ce qu’il fit pour le premier seule- en-scène de Stéphanie Bataille, Les hommes. Il était également un metteur en scène prolixe. C’est grâce à lui, que nous avons pu applaudir une dernière fois Jean Marais. C’était, en 1997, dans L’Arlésienne d’Alphonse Daudet où le monstre sacré donnait la réplique à Bernadette Lafont et à un jeune premier prometteur, Gregori Baquet.
Un Gascon agenais
Louret est un provincial qui a toujours privilégié sa région, le Sud-Ouest. En 1972, après ses études au Conservatoire de Toulouse, il a l’idée d’animer, avec des spectacles d’été, le beau département du Lot-et-Garonne. Il fonde, avec Nicolas Marié et Marianne Valéry, la troupe de théâtre Les Baladins en Agenais. Les comédiens et comédiennes viennent la plupart de Paris. Ils ont le point comme d’avoir été les élèves de Raymond Girard, ancien professeur du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. On y croise, entre autres, Nicolas Briançon, Benoît Solès, Benoît Lavigne, Pierre-Alain Leleu, Dominique Daguier, Marie Piton, Marie Dauphin, Caroline Neyrinck… Jusqu’au début des années 2000, ces joyeux et talentueux Baladins illuminèrent les collines de Monclar. Plein d’entrain, ils faisaient rayonner un théâtre populaire. Ce qui tout compte fait, ne l’oublions pas, était la première mission de la décentralisation.
La joie de vivre
Quand on pense à Roger Louret, la première chose qui sonne à notre mémoire, c’est son accent du Sud-Ouest. La seconde est son sourire qui va de pair avec son regard pétillant de malice. Même si je l’ai vu piqué de belles colères, il était bienveillant et surtout d’une humeur joyeuse. On pouvait deviser avec lui durant des heures de théâtre, de chansons. Aujourd’hui, il nous laisse à nos souvenirs, ceux des « Années Louret ». Au revoir l’artiste et merci pour tout.