La comédienne Ariane Ascaride entretient avec Bertolt Brecht une relation particulière. Comme on fait son lit lui a permis de se construire, d’entrer et de sortir du Conservatoire. Ce spectacle est d’ailleurs dédié à son professeur, Marcel Bluwal.
Ascaride a puisé dans les textes, réflexions, poésies du dramaturge, écrivain et poète allemand, un florilège de pensée pour dire « Combien il est difficile d’être bon dans un monde qui ne l’est pas, d’être juste dans un monde injuste ». Brecht a vécu dans un monde terrible issu de la Première Guerre mondiale, qui donna naissance au nazisme, au stalinisme, à la Second Guerre mondiale et à la Guerre froide. Le XXe siècle dans tout ce qu’il a eu d’inhumain. Ascaride est une citoyenne engagée, une femme de son époque et ses choix dans l’œuvre de Brecht ne sont pas anodins. Ce qui saisit dans ce spectacle est la résonance terrible sur ce début du XXIe siècle. C’est aussi une belle âme qui fait entendre la beauté et la clarté des mots d’un auteur considéré comme austère et théorique.
Évidemment, qui dit Brecht dit réflexions sur le théâtre. Ascaride nous livre avec malice, quelques textes sur le sujet. Cette fameuse distanciation, fait du désir de rompre avec l’illusion théâtrale et la volonté de pousser le spectateur à la réflexion, n’a pas empêché cette pensée superbe : « L’affaire du théâtre a toujours été de divertir les hommes, il n’y a aucune contradiction entre divertir et instruire, car il y a plaisir d’apprendre. Un théâtre dont on ne rit pas est un théâtre dont on doit rire. »
L’actrice est à son pupitre, texte devant elle. Les feuillets sont là pour l’accompagner, lui laisser la liberté de naviguer entre travail de mémoire et de lecture. Son interprétation est des plus sensibles, jouant sur tous les registres sans jamais tomber dans la monotonie. L’accordéoniste, David Venitucci l’accompagne avec les magnifiques musiques de sa composition. Ne vous attendez pas à entendre du Kurt Weil, c’est dit ! Certains des textes sont chantés, à la manière de Marianne Oswald. Ce « parlé-chanté », appelé aussi « phrasé », est un exercice difficile dans lequel Ascaride se révèle étonnante. Du bonheur de donner est un spectacle qui fait du bien, parce qu’il nous grandit.
Marie-Céline Nivière
Du bonheur de donner de Bertholt Brecht
La Scala Paris
13 boulevard Strasbourg-Saint-Denis
75010 Paris
Du 2 au 31 octobre 2024
Durée 1h10
Festival Off Avignon – La Scala Provence
3 rue Pourquery de Boisserin 84000 Avignon
Du 7 au 29 juillet 2024 à 16h, relâche les lundis
Durée 1h10.
Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-champs
75006 Paris.
Du 11 janvier au 5 mars à 2023.
Du mardi au samedi à 19h, dimanche 16h
Avec Ariane Ascaride
Musique originale de David Venitucci
Collaboration artistique Patrick Bonnel
Crédit photo © Yves Poey.