Le monde va mal, ce n’est pas nouveau. Mais depuis quelque temps, il s’uniformise. Où sont passées les belles palettes de couleur qu’offraient les diversités culturelles, ethniques ? Aujourd’hui, les GAFA (M) ont envahi notre quotidien, nos us et nos coutumes. Dans cette grisaille, la parole du poète intervient alors pour jeter un pavé dans la mare.
Un clown blanc de rage et de douleur se sert du verbe comme instrument de guerre, pour livrer bataille contre cette société qui chavire. Dans son pyjama-robe rayé bleu-gris, sur lequel des baudruches de couleurs sang sont accrochées, les pieds cloués au socle, le chapeau pointu orné de fleurs rouges, le visage fardé de blanc, Gamblanc semble sorti d’un rêve de Little Nemo. Accompagné d’un discret aide de camp, ce cabotin pertinent soliloque, digresse, harangue les spectateurs qu’il utilise même comme compagnon de jeu. Il souffre et il faut que cela se sache. Le clown blanc fait exploser sa colère et sa tristesse dans un arc-en-ciel de mots, d’images, de bouffonneries et d’euphonie.
Catherine Lefeuvre, au texte, et l’étonnant Jean Lambert-wild, à la mise en scène et au jeu, précise que leur spectacle est une calenture ! Quoi qu’est-ce ? Un délire furieux auquel les marins se heurtent lors de la traversée de la zone tropicale et qui se caractérise par des hallucinations et le désir irrésistible de se jeter à la mer (dixit le dico). C’est exactement ça, une divagation verbale où la poésie croise le fer avec la dérision. Cela peut paraître parfois un peu verbeux, mais les images et les réflexions jetées comme des touches de couleurs sont loin de déplaire.
Marie-Céline Nivière
Coloris Vitalis de Catherine Lefeuvre.
Théâtre de Belleville
16, passage Piver
75011 Paris.
Du 7 au 31 janvier 2023.
Lundi, mardi à 19h15, samedi à 17h, dimanche 17h30.
Durée 50mn.
Texte de Catherine Lefeuvre
Direction de Catherine Lefeuvre et Jean Lambert-wild.
Avec Jean Lambert-wild et Aimée Lambert-wild.
Lumières d’Alicya Karsenty.
Composition de Tana Kawa
Régie son et lumière de Maël Baudet.
Costumes d’Annick Serret-Amirat.
Signature de Gramblanc Jean Lambert-wild.
Maquilleuse Christine Ducouret.
Crédit photo © Tristan Jeanne-Valès