Antonio Interlandi, un Pierrot lunaire aux pays des étoiles

Au Studio Hebertot, Antonio Interlandi se glisse, avec malice dans la peau de la Mauvaise petit fille blonde de Pierre Notte.

Comédien, danseur, l’artiste s’est glissé avec bonheur dans l’univers de Pierre Notte et les pensées de son adorable Mauvaise petite fille blonde. A l’occasion de la reprise de ce spectacle bouleversant au Studio Hébertot, cet homme au sourire éclatant a répondu de tout son cœur à nos questions.

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ? 
Le premier spectacle de théâtre que j’ai vu était Les trois mousquetaires, dans la mise en scène de Marcel Maréchal. C’était au Brésil, à São Paulo, ma ville d’origine. J’avais une dizaine d’années et ma mère m’avait amené au Festival International de Théâtre. Cette expérience a été incroyable ! Le théâtre était immense, il y avait des chevaux (pour de faux) sur scène. La possibilité de ce monde imaginaire m’a saisi.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant 
La danse m’attirait. J’ai commencé ma carrière en tant que danseur classique, d’abord aux Ballets de Monte Carlo et puis au Ballet de l’Opéra de Hambourg, chez John Neumeier. Lors de ma dernière saison à Hambourg, John a monté On the Town, de Bernstein. Il m’a confié un tout petit rôle chanté et ça m’a attrapé ! 

Mauvaise petite fille blonde © Philippe Hanula

Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ? 
Je pense que c’est précisément cette expérience de comédie musicale à l’Opéra de Hambourg qui m’a donné envie d’aller vers le théâtre. J’ai eu envie de chercher une manière d’expression autrement que par le biais de la danse. J’ai eu envie d’utiliser la parole. Chantée ou parlée.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ? 
Le premier spectacle de théâtre auquel j’ai participé était Les frères Karamazov, mis en scène par Jean Gillibert. Jean avait, dans son travail, une liberté extraordinaire et je pense, que dans les quatre spectacles où il m’a dirigé, il m’a transmis ce courage-là : être libre.

Votre plus grand coup de cœur scénique ? 
Roooh il y a tant de choses… Surement Pierre Notte dans L’effort d’être spectateur.  J’ai vu ce spectacle une dizaine de fois et, à chaque fois, je découvre une chose nouvelle. Son écriture est vraiment très étonnante.

Quelles sont vos plus belles rencontres ? 
Nita Klein, mon professeur. Elle a musclé les sons dans ma voix, elle m’a permis d’affronter les nombreuses difficultés de la langue française ! Alfredo Arias, exigeant et merveilleux. Et Pierre Notte ! J’ai plongé corps et âme dans son univers si inventif…

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
Il n’est pas essentiel à mon équilibre. Il me déséquilibre, totalement.  C’est peut-être ça qui m’attire dans ce métier…

Mauvaise petite fille blonde © Philippe Hanula

Qu’est-ce qui vous inspire ? 
La musique. Plutôt, la musicalité. La musicalité du texte, son rythme. La musique des conversations, le ton. Le temps. La musique m’inspire.

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
J’y suis depuis longtemps… Je la respecte. Énormément. Je la cajole. Je la nettoie ! J’ai horreur de la saleté sur scène, de même que de voir des pendrillons pas bien étirés… Je suis un peu maniaque.

A quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
Drôle de question ! Dans Mauvaise petite fille blonde, les mains et les bras me portent beaucoup. Ils me guident dans cette aventure, de par leur immobilité scénique exigée par Pierre Notte.  C’est paradoxal mais l’immobilité de mes mains guident mon désir, dans ce travail.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ? 
Avec des circassiens qui se balancent sur des trapèzes très très hauts.  Et moi avec !

A quel projet fou aimeriez-vous participer ? 
Ce serait merveilleux de pouvoir faire un spectacle avec deux pianos à queue ! Un spectacle de chansons, avec un texte qui les rassemble. Avec deux pianos, deux pianistes, quatre mains et vingt doigts ! Qui sait… 

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ? 
Une chanson de Chico Buarque !

Propos recueillis par Marie-Céline Nivière

Mauvaise petite fille blonde, texte et mise en scène de Pierre Notte.
Studio Hébertot
78 bis boulevard des Batignolles
75017 Paris.
Du 17 novembre 2022 au 28 janvier 2023.
Jeudi, vendredi, samedi à 19h, relâche le 3 février.
Durée 1h10.

Avec Antonio Interlandi
Costume d’Alain Blanchot
Lumière d’Antonio de Carvalho

Crédit portrait © Gilles Vidal
Crédit photos © Philippe Hanula

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